lundi 30 janvier 2012

Thème "La religion": comprendre Marcel Gauchet



Source : http://www.lejdd.fr/Economie/Actualite/Marcel-Gauchet-analyse-la-situation-de-l-Europe-apres-la-crise-interview-250317/
Chers élèves,
Afin d'approfondir votre réflexion sur le thème « la religion », nous vous conseillons de vous pencher sur un de nos penseurs majeurs (et nous pesons nos mots), le philosophe et historien, Marcel Gauchet. Celui-ci est particulièrement nécessaire dans votre préparation, car « il a étudié le processus de sécularisation à l'œuvre en Occident dans le Désenchantement du monde (Gallimard, 1985). Il y explique que le christianisme est « la religion de la sortie de la religion », c'est-à-dire une religion qui contient potentiellement en elle la dynamique de sécularisation. Cette sécularisation (ou « désenchantement du monde ») ne signifie pas la fin des croyances privées personnelles, mais que désormais la religion ne structure plus la société, elle n'en est plus le principe d'organisation ou de légitimité. «Autour des années 1970, nous avons été soustraits sans nous en rendre compte à la force d’attraction qui continuait à nous tenir dans l’orbite du divin », écrit Marcel Gauchet dans la Religion dans la démocratie (Gallimard, 2000). »
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Gauchet (de plus, cet article de Wikipedia vous permettra de connaître Marcel Gauchet)
De plus, vous pouvez consulter le site des « Amis de Marcel Gauchet »(http://marcelgauchet.fr/blog/ ) sur lequel vous trouverez le lien vers le blog d'un professeur de philosophie qui propose une fiche vidéo sur l'œuvre de Marcel Gauchet :
Vu sur le Blog Nicomaque : « En classe, nous sommes en train d’étudier Marcel Gauchet, dans le cadre d’un cours sur l’éthique biblique et l’apport du monothéisme à la modernité. Plus largement, il s’agit de comprendre l’essence du religieux à partir de la comparaison entre religions polythéistes et religions monothéistes ».
A suivre sur : http://nicomaque.blogspot.com/2010/12/marcel-gauchet.html

Bravo à notre collègue parisien Damien Théllier.
A. Cuvelier, pour l'équipe d'initiation aux Sces Po du lycée St Rémi, Roubaix http://www.saintremi.com/ & formateur PEI

Tous égaux?

Chers élèves,
Vous qui préparez le concours d'entrée en IEP, apprenez que l'égalité de principe en notre beau pays n'est pas toujours respectée... (Nooooon ??? Sans blague???????).
Ainsi, bien que l'IEP de Lille soit le 2ème du pays par ses résultats, il n'en est pas de même en matière de budgets. Ci-dessous, vous trouverez quelques articles en ligne afin de vous éclairer sur une situation franchement scandaleuse :

«Là où Sciences Po Paris bénéficie d'un financement étatique de 8 000 € par étudiants et par an, Sciences Po Lille doit se contenter de 2 800 €», dénonce Bixente Etchecaharreta, étudiant à Sciences Po Lille. Il demande au ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche de mettre «fin à l'inégalité de traitement» entre ces établissements.
Lire la suite sur le site de Médiapart: http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/300112/sciences-po-lille-sciences-po-paris-des-inegali
Vous trouverez des articles similaires sur Rue 89 : http://www.rue89.com/2012/01/21/sciences-po-paris-roule-carrosse-quand-lille-crie-famine-228544
http://www.rue89.com/2012/01/27/sciences-po-lille-le-tout-paris-sen-fout-228794
Qui prétendait que la thèse de du géographe Jean-François Gravier « Paris et le désert », datant de 1947, c'est du passé... ?
Vive Lille !
A. Cuvelier, pour l'équipe d'initiation aux Sces Po du lycée St Rémi, Roubaix http://www.saintremi.com/ & formateur PEI

De retour, avec les annales!!!

Chers élèves,
Le temps file, file... et il ne reste que 5 petits mois avant le grand jour (voir moins si vous passez la filière franco-britannique). De fait, il faut vous re-dynamiser, il faut travailler régulièrement, sans jamais négliger l'entraînement INDISPENSABLE à votre réussite. Car ne l'oubliez jamais, bachoter sans s'exercer à la rédaction en condition d'examen, notamment, est peu productif. Ainsi, dans le prolongement de notre article du 26 décembre (http://sciencepostremi.blogspot.com/2011/12/programme-dhistoire-ou-en-sont-vos.html) , nous vous rappelons donc que sur les sites des IEP (http://cc.iep.fr/) , vous trouvez de quoi vous entraîner grâce aux annales des sujets des précédentes sessions du concours d'entrée en IEP. (exemple à partir du site internet de Lille, c'est de bonne guerre, non... ?! Ok, c'est le formateur PEI qui parle :p )

Source de ce qui suit : http://www2.sciencespo-lille.eu/concours/annales/premiere/annales.php

Sujets d'Histoire de 2011 : La France et la construction européenne 1957-1992.
Version 2010 : La IVe République, un bilan négatif ?
Version 2009 : La France et la fin des empires coloniaux.

Sujets de questions contemporaines (certes, le sujet change en fonction des thèmes, mais cela vous donne quand même une indication, une orientation des sujets) :
Sujets de 2011 :
Sujet n° 1 : Argent et démocratie
ou
Sujet n° 2 : Les pouvoirs ont-ils besoin de frontières ?
Version 2010 :
Sujet n° 1 : Une société qui vieillit est-elle condamnée au déclin ?
ou
Sujet n° 2 : Dans quelle mesure les médias sont-ils le reflet de la société ?
Version 2009 :
Sujet n° 1 : Peut-on « civiliser » les manières de faire la guerre ?
ou
Sujet n° 2 : Internationaliser marchés et échanges, est-ce conjurer la guerre ?

Sans négliger les épreuves de langues :
Anglais: http://cc.iep.fr/IMG/pdf/ANGLAIS-Sujet-valide.pdf
Allemand : http://cc.iep.fr/IMG/pdf/ALLEMAND-Sujet-valide.pdf
Espagnol : http://cc.iep.fr/IMG/pdf/ESPAGNOL-Sujet-valide.pdf
Italien : http://cc.iep.fr/IMG/pdf/ITALIEN-Sujet-Valide.pdf
Concernant les double-filières, voir : http://iep.univ-lille2.fr/index.php?id=27
Ex. en filière franco-britannique : (Attention, l'écrit a lieu le 26 avril!!!)
http://iep.univ-lille2.fr/index.php?id=207 , notamment le programme des révisions :
http://iep.univ-lille2.fr/index.php?id=225 , et surtout les annales : http://www2.sciencespo-lille.eu/concours/annales/doubles_filieres/annales.php


Voici un aperçu des sujets tombés en Histoire :
2005 : De Postdam à Panmunjom : La confrontation est-ouest de 1945 à 1953.
2006 : Les conséquences de la décolonisation et des rapports avec les anciennes colonies dans la vie politique française de 1945 à 1981.
2007 : Les relations des Etats-Unis d’Amérique et de l’Union soviétique de 1962 à 1989.
2008 : L'exercice du pouvoir par le président des Etats-Unis d'Amérique, 1945-1988.
2009 : Le tiers-monde dans les relations internationales des années cinquante à la fin du XX° siècle.
2010 : Les évolutions sociales et culturelles en Europe occidentale de 1945 à 1973.
2011 : Les femmes dans la société française depuis 1945

Ainsi qu'un aperçu de l'épreuve de culture générale :
2005 : Solidarité internationale et mondialisation.
2006 : Commentez cette citation de Victor Hugo : « Ne soyons plus Anglais ni Français ni Allemands. Soyons européens. Ne soyons plus européens, soyons hommes. - Soyons l'humanité. - Il nous reste à abdiquer un dernier égoïsme : la patrie ». Choses vues, 1849-1885.
2007 : Bien mourir.
2008 : Les changements, en France, depuis cinquante ans.
2009 : "A quoi sert l’école ?" ou bien "Le travail dans la société française".
2010 : Sujet 1 : Peut-on fixer des limites à l'exercice des libertés individuelles ?
ou Sujet 2 : La mondialisation constitue-t-elle "l'avenir radieux des peuples"?
2011 : Sujet 1 : La liberté suffit-elle à la démocratie ?
ou Sujet 2 : Faire face aux crises et aux catastrophes.

Bref, que de bons outils pour bien se préparer !!!
Bon courage...
A. Cuvelier, pour l'équipe d'initiation aux Sces Po du lycée St Rémi, Roubaix http://www.saintremi.com/ & formateur PEI

mardi 24 janvier 2012

Prêt à jeter

Chers élèves,

Rien à voir avec le concours, quoi que...

Si possible, prenez le temps de voir ce très très bon documentaire sur Arte : « Prêt à jeter »

Source : http://videos.arte.tv/fr/videos/_pret_a_jeter_extrait_-3714574.html

"Prêt à jeter" (extrait)

Dans les pays occidentaux, on peste contre des produits bas de gamme qu'il faut remplacer sans arrêt. Tandis qu'au Ghana, on s'exaspère de ces déchets informatiques qui arrivent par conteneurs. Ce modèle de croissance aberrant qui pousse à produire et à jeter toujours plus ne date pas d'hier. Dès les années 1920, un concept redoutable a été mis au point : l'obsolescence programmée. "Un produit qui ne s'use pas est une tragédie pour les affaires", lisait-on en 1928 dans une revue spécialisée. Peu à peu, on contraint les ingénieurs à créer des produits qui s'usent plus vite pour accroître la demande des consommateurs.

Nous conclurons simplement par « MERCI ARTE !!! »

A. Cuvelier, pour l'équipe d'initiation aux Sces Po du lycée St Rémi, Roubaix http://www.saintremi.com/

mercredi 18 janvier 2012

Retour sur le débat de la fin de la Culture G à Sces Po Paris

Chers élèves,

Nous supposons que vous avez suivi les multiples réactions à la suppression de l'épreuve de culture générale à Sces Po Paris. Pour illustrer le débat, nous vous conseillons ce « commentaire »(dans le langage internet) d'un collège, M. Cyril de Pins, professeur agrégé de philosophie en ZEP, à qui nous disons « BRAVO ! » :

Monsieur,
L'un de vos chroniqueurs s'est amusé des réactions de certains journalistes français à l'annonce de la suppression de la culture générale au concours d'entrée à Sciences Po et s'est ensuite permis, dans le confort de son studio de radio, de mettre en doute l'intérêt des humanités gréco-latines pour nos élèves issus de l'immigration, avant de conclure au pédantisme d'une partie de nos élites.
Si pédantisme il y a, il est de son côté.
Nos élèves ont soif de culture, même s'ils résistent souvent face à la difficulté, à la complexité et au niveau d'exigence des grandes oeuvres qu'on leur propose. Il est rare cependant qu'ils ne soient pas emportés par leur force singulière. Rien ne les intéresse plus qu'une citation latine et un mot grec, qu'on aura prononcés en passant. Ils aiment les mots rares en français, les belles phrases un peu archaïques, les anecdotes historiques tirées de Saint-Simon et Mme de Sévigné. Ils se laissent encore impressionner par la grandeur d'une pensée comme celle d'un Kant, d'un Descartes ou d'un Platon, et ne la restituent pas sans trembler.
La plupart d'entre eux ont donc l'attitude qu'avaient nos pères face aux grands Anciens : ils leur inspirent un pieux respect.

Votre chroniqueur ironise sur une exigence dont il ignore visiblement tout puisque son propos trahit du mépris pour les humanités. Par quoi compte-t-il remplacer ces humanités dans l'enseignement ? Par ce que les élèves savent déjà et dont il loue la valeur par préciosité malhonnête (le rap, les tags, le verlan...), et que nos élèves prisent finalement assez peu tant ils en aperçoivent les limites.
L'engagement associatif n'est possible qu'à ceux qui ont le temps : nos élèves (une fois leurs 16 ans révolus) passent plutôt leur temps libre à travailler pour gagner un peu d'argent. Ils ne militent guère, ni ne donnent de leur temps. Le temps n'est pas un luxe dont ils disposent, car ils en usent pour améliorer leur quotidien.
Votre chroniqueur ignore surtout ce que sont les élèves, car il s'en moque. Ces élèves issus de la diversité n'ont pour lui aucun visage, aucun nom, aucune histoire particulière, aucune émotion. Ce sont des abstractions qui lui permettent se sentir très généreux en parlant de ce qu'il tient pour d'absolus victimes (pour qui il ne fait rien), et font une bonne matière pour de petites pirouettes dans une péroraison où il vient nicher son venin, content d'avoir fait naître des sourires complices chez ses collègues de studio, tout aussi éloignés de ces élèves dont ils parlent souvent sans les voir jamais (ou si peu).

France Culture devrait défendre et illustrer la culture au lieu de faire la leçon à des auditeurs dont beaucoup vivent ce que vous leur décrivez généralement très caricaturalement.
Mes élèves furent insultés par cette légèreté ignorante, contente d'elle-même, sûre de son fait et finalement d'une affreuse bêtise. C'est la culture générale qui permet à ce monsieur de mépriser la culture générale : que ne souhaite-t-il au moins cette petite jouissance perverse à d'autres ?
Cyril de Pins, professeur agrégé de philosophie en ZEP.

PS : A l'intention d'Alain-Gérard Slama. Il existe des professeurs de philosophie qui corrigent les fautes d'orthographe et de grammaire, considérant que la pensée est inséparable de l'expression. Une bonne expression est en effet la condition d'une pensée correcte et claire.

Source : http://www.franceculture.fr/emission-les-matins-du-sacre-dans-le-monde-contemporain-2012-01-18

Et toc !

A. Cuvelier, pour l'équipe d'initiation aux Sces Po du lycée St Rémi, Roubaix http://www.saintremi.com/

Note à l’attention des préparateurs et candidats au concours d’entrée 2012 de Sciences Po Grenoble

Chers élèves,

Bien qu'aucun d'entre vous ne tente l'entrée en IEP à Grenoble, nous vous invitons à suivre ce débat, lié à la préparation au concours en cette académie, soulevé par l'excellent « Comité de vigilance face aux Usages publics de l’Histoire », dont voici un extrait :

Note à l’attention des préparateurs et candidats au concours d’entrée 2012 de Sciences Po Grenoble

Depuis la rentrée, les élèves postulant pour le concours de l'l'IEP Grenoble étudient comme œuvre unique d'histoire le livre de Daniel Lefeuvre, Pour en finir avec la repentance coloniale, Flammarion, 2006. Cet ouvrage polémique s'inscrit dans le cadre du débat public lancé par l'article 4 de la loi du 23 février 2005. A l'époque, Catherine Coquery-Vidrovitch avait proposé un compte-rendu critique de cet ouvrage qui adopte une position partisane sur le fait colonial et ses usages publics. S'il n'est pas inintéressant de sensibiliser des étudiants à l'intelligibilité de questions mémorielles, il convient, pour cela, de préciser au minimum la nature spécifique de l'ouvrage à étudier. L'interpellation de notre collègue ci-dessous nous semble donc très opportune afin de clarifier les attentes de l'IEP Grenoble quant à l'étude de cet ouvrage.

Source : http://cvuh.blogspot.com/2012/01/note-lattention-des-preparateurs-et.html

A. Cuvelier, pour l'équipe d'initiation aux Sces Po du lycée St Rémi, Roubaix http://www.saintremi.com/

Le sacré est-il du religieux sans dieu?


Chers élèves, après « L'éloge des frontières » qui pu donner des pistes de réflexions à vos collègues confrontés au concours commun l'année dernière (cf thèmes « les frontières et l'argent »), Régis Debray(1) s'invite à nouveau dans votre préparation au concours (pour le thème « la religion »). En effet, notre philosophe de service vient de publier « Jeunesse du sacré » chez Gallimard. Bien sûr, loin de nous l'idée de confondre le religieux et le sacré, mais au contraire, nous vous conseillons une écoute attentive de l'interview, afin de préciser le sens des mots liés à votre préparation ! Exemples (issus de l'interview) : « Le sacré est une relation que nous avons avec certaines choses, certaines personnes. » « Le sacré n'est pas le divin. Le sacré est une invention des hommes, présent dans toute société [...] cela relève d'une anthropologie, non d'une théologie. »

Concentrez-vous notamment sur le premier quart d'heure, de 7h40 environ à 7h55. En effet, la suite de l'interview de R. Debray à partir de 8h20 est moins intéressante, mais vous pouvez écouter le reste quand même...

Voici le billet d'introduction de l'interview mené par Marc Voinchet :

« Existerait-il un point commun entre…des funérailles nationales, la déclaration des droits de l’Homme, les produits bio, le visage du prophète Mahomet, un palais de justice, la tombe de Jim Morrison au Père Lachaise, et le mémorial de la Shoah ?

Il semblerait que oui, à lire le dernier ouvrage de Régis Debray que nous accueillons ce matin alors que parait Jeunesse du Sacré chez Gallimard.

Après son éloge des frontières le médiologue nous livre ses érudites pensées et ses étourdissantes références sur un mystère qui pourrait bien être aux fondements de l’humanité (rien que ca !) : le sacré. Que l’on soit résolument moderne ou même férocement athée, le sacré nous concerne tous nous dit Régis Debray. On le décèle dans notre admiration pour un grand homme, notre comportement dans un Palais de justice ou notre émoi devant une œuvre d’art, voire dans la perte – encore lui – du triple A !

Nous partons ce matin sur les traces du sacré dans notre monde moderne parce qu’il est souvent la raison cachée de nos indignations, de nos crispations mais aussi de nos mobilisations et de nos enthousiasmes de par le monde. »

Source : http://www.franceculture.fr/emission-les-matins-du-sacre-dans-le-monde-contemporain-2012-01-18

Bien que la seconde partie de l'émission nous ait quelque peu laissé sur notre faim, la lecture de la chronique de Brice Couturier apporte quelques idées à ajouter à votre travail (nous avons beaucoup aimé la réponse de Debray à cette chronique, c'est-à-dire son côté trop « parisiano-centrée », ce qui est franchement juste!). Bonne lecture :

→ Dans une conférence prononcée en 1973, l’anthropologue Roger Bastide (2)faisait remarquer que « la mort des dieux institutionnels », loin d’avoir mis fin à la dimension du sacré, avait ramené celui-ci à l’état « sauvage ».


Un peu plus tôt, en 1938, un philosophe autrichien, Eric Voegelin(3), avait créé l’expression de « religions politiques ». Il écrivait : « lorsque Dieu lui-même est devenu invisible derrière le monde, ce sont alors les contenus de ce monde qui deviennent divins. » Et Voegelin de relever la manie des modernes d’élire l’une des réalités de ce monde afin de lui conférer un statut d’exception. Nous érigeons, en particulier, disait-il, l’État, la science, la race ou la classe comme « Realissimum » et organisons, autour de cet « être le plus réel », l’équivalent d’un véritable culte religieux. Ainsi des « religions intramondaines », ajoutait-il prennent la place des anciennes religions « supramondaines ».

Il est bien vrai que les aspirations et les passions religieuses, qu’on pouvait croire promises au dépérissement par le « désenchantement du monde », inscrit au cœur de la modernité par Max Weber(4), ont été réorientées, au XX° siècle, vers la politique.

Se vérifiait l’aphorisme fameux de l’humoriste catholique anglais Gilbert Keith Chesterton, « lorsque les hommes ne croient plus en Dieu, ils ne croient pas en rien, ils se mettent à croire en n’importe quoi. »


Ce sont les totalitarismes qui ont porté au plus haut degré d’incandescence la sacralisation de la politique. A travers un système de dogmes et de rituels, ils ont cherché à transformer le corps social en une masse de fidèles ; les totalitarismes ne se contentaient pas de l’obéissance passive, autrefois exigée par les États autoritaires, ils exigeaient la participation enthousiaste à des extases collectives, encadrées par une « élite sacrée » qui, à la manière des grands prêtres d’autrefois, devaient être considérés comme les interprètes inspirés de Vérités indiscutables.

Dans "Les religions de la politique", l’historien italien Emilio Gentile(5) écrit : « Aujourd’hui, parmi les Républiques démocratiques européennes, seule la France du XX° siècle garde l’empreinte d’une politique sacralisée. » Et d’expliquer que le martyrologue national, son « hagiographie », œuvre de la République anti-cléricale, ont été habilement réconciliés par le général de Gaulle avec la tradition catholique. Gentile remarque aussi que François Mitterrand, en organisant, « au Panthéon, le plus grand temple de la religion républicaine, un nouveau « rite de religion civile, s’est montré digne élève de son maître et rival.


Mais aujourd’hui ? Qui aurait l’idée de faire de la fête des copains du Fouquet’s en 2007 l’équivalent du dépôt d’une rose sur la tombe des Saints républicains par Mitterrand en 1981 ? Vous avez beau faire, Régis Debray, je ne crois guère à la capacité de l’homo festivus à s’inventer du sacré ; au moins si on conserve à celui-ci « le mysterium tremendum », le sentiment d’effroi qu’il est censé provoquer chez la créature, ce « sentiment de n’être rien face à ce tout autre », dont parlent les classiques, Rudolf Otto(6) (Le sacré, 1917) et Mircea Eliade(7), Le sacré et le profane (1957).

Du religieux, au sens de « ce qui lie les individus ensemble », il en conserve, sous une forme dégradée et quasiment parodique – concerts de rock et matchs de foot. Mais si, comme le disait Philippe Muray(8), « l’industrie de l’enthousiasme est devenue une sorte de devoir d’État », j’ai l’impression que les masses répondent de plus en plus à ces injonctions venues d’en haut par une ironie – dont Baudrillard(9) avait fort bien compris la nature.

Source : http://www.franceculture.fr/emission-la-chronique-de-brice-couturier-plus-rien-de-sacre-chez-homo-festivus-2012-01-18

A. Cuvelier, pour l'équipe d'initiation aux Sces Po du lycée St Rémi, Roubaix http://www.saintremi.com/


  1. Qui est Régis Debray ? Philosophe, écrivain, médiologue. Chargé de mission pour les relations internationales auprès de François Mitterrand (1981-1985). Fondateur et directeur des revues Cahiers de médiologie (1996-2004) et Medium. Transmettre pour innover (depuis 2005). Initiateur puis président de l’Institut européen en sciences des religions (depuis 2002). Voir également les liens suivants :

  2. Qui est Roger Bastide ? Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Roger_Bastide

  3. Qui est Eric Voegelin ? Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Eric_Voegelin

  4. Qui est Max Weber ? (A connaître absolument pour votre préparation!) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Max_Weber , voir également ce lien vers le site de l'université du Québec : http://classiques.uqac.ca/classiques/Weber/weber_max.html

  5. Qui est Emilio Gentile ? (né en 1946 à Bojano, dans la province de Campobasso, en Molise, Italie – ) est professeur d’histoire contemporaine à l’université de Rome « La Sapienza ». Ses travaux portent principalement sur le fascisme italien, le totalitarisme et le concept de religion politique. Il a également consacré des études à Machiavel et à l’historien italien Renzo De Felice. Son œuvre suscite de plus en plus d’intérêt en France et a donné lieu à plusieurs traductions. Voir aussi quelques unes de ses publications : http://fr.wikipedia.org/wiki/Emilio_Gentile

  6. Qui est Rudolf Otto ? Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Rudolf_Otto

  7. Qui est Mircea Eliade ? Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mircea_Eliade

  8. Qui est Philippe Muray ? Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Muray

  9. Qui est Jean Baudrillard ? Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Baudrillard

mardi 17 janvier 2012

Les nouveaux chiens de garde


Chers élèves,
A voir mercredi sur Arte : (voici un amuse-gueule pour vous mettre en appétit)
(extrait du site d'Arte=) Ouvrière du textile mutique et payée au lance-pierres, Louise survit dans une bourgade sinistrée de Picardie en tuant des pigeons pour dîner et en commandant au café de l'eau avec de la moutarde. Un sinistre matin, elle découvre avec ses collègues que le patron a déménagé les machines dans la nuit et fermé boutique. Elle convainc les autres de réunir leurs misérables indemnités pour engager un tueur qui les vengera. Le seul qu'elles puissent s'offrir s'appelle Michel : un imposteur gros et pusillanime installé dans une caravane, qui s'avère tellement maladroit que Louise l'accompagne dans son équipée meurtrière.

On aimerait penser que le jeu de massacre anarchiste orchestré par le duo Kervern-Delépine, avec le renfort constamment inspiré du couple vedette (dont l'une, Louise, se révèle être un homme travesti, et l'autre, Michel, une femme), n'a qu'un lointain rapport avec la réalité. Mais trois ans après la sortie du film, sa fureur comique dévastatrice appuie plus encore là où elle (la réalité) fait mal. Avec une rage aussi vengeresse que celle qui met en mouvement leur redoutable héroïne/héros, ils s'acharnent à coups de gags sauvages sur l'iniquité, la laideur et l'absurdité du monde qui est le nôtre. De rade pourri en chambre d'hôtel glauque, jusqu'à l'immonde villa nouveau riche où "Louise-Michel" accomplit la juste vengeance du prolétariat outragé, ils ne nous laissent aucun répit.
Côté cinéma, ce documentaire est un véritable bijou à voir très vite (car il ne restera pas longtemps à l'écran : dérangerait-il?)
Ce lien vous permettra de vous de « tâter » le terrain... : http://www.lesnouveauxchiensdegarde.com/spip.php?article11
A. Cuvelier, pour l'équipe d'initiation aux Sces Po du lycée St Rémi, Roubaix http://www.saintremi.com/

jeudi 12 janvier 2012

Guantanamo, dix ans


Source : http://www.levif.be/info/actualite/international/amnesty-denonce-le-cauchemar-des-anciens-de-guantanamo/article-4000028979666.htm#
Chers élèves,
Voici une nouvelles date à « triturer », afin de la relier à vos révisions sur le « nouvel ordre mondial » : ce sont les dix ans de la prison de Guantanamo... Penchez-vous donc sur ces quelques liens (ne négligez pas le lien ci-dessus de nos chers voisins belges) :
http://www.rfi.fr/ameriques/20120111-impossible-fermeture-guantanamo
Et notamment Le Monde qui met en ligne un dossier très fouillé :
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/01/11/guantanamo-symbole-d-une-decennie-d-atteinte-aux-droits-de-l-homme_1627284_3222.html
A confronter :
La vision anti-libérale de L'Humanité :
http://www.humanite.fr/monde/guantanamo-dix-ans-de-mepris-des-droits-humains-487474
Et libérale d'Atlantico : http://www.atlantico.fr/pepites/10-ans-ouverture-prison-guantanamo-171-detenus-264755.html
N'oubliez pas votre « réflexe » d'exploiter les Actualiés de Google en VO.
A. Cuvelier, pour l'équipe d'initiation aux Sces Po du lycée St Rémi, Roubaix http://www.saintremi.com/

Du foot dans Courrier international

Essayons de ne pas oublier le thème "le sport"... Donc nous vous proposons la même démarche que dans notre article précédent:
http://sport.courrierinternational.com/
Par exemple, voici un article de l'écrivain Andrés Neuman 1 sur le footballeur Messi:
http://www.courrierinternational.com/article/2010/07/02/docteur-messi-et-mister-hyde, ainsi que la version "VO" pour l'épreuve de langues vivantes du concours: http://www.elmundo.es/mundial/2010/html/once_literario/messi.html
A. Cuvelier, pour l'équipe d'initiation aux Sces Po du lycée St Rémi, Roubaix http://www.saintremi.com/
1 Qui est Andrés Neuman? Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9s_Neuman ou pour les hispanophones :http://www.andresneuman.com/

"Monsieur le curé nous vient du Brésil"

Chers élèves,

Afin de prolonger vos lectures et votre réflexion sur le thème « la religion », nous vous invitons à « surfer » sur le site de Courrier international pour y découvrir un article sur les transformations de la géographie des prêtres dans le monde contemporain. En effet, faute de vocations sacerdotales dans nombre de pays européens, les croyants du Vieux Continent voient arriver dans leurs paroisses des prêtres originaires d'autres continents :

http://www.courrierinternational.com/article/2011/12/23/monsieur-le-cure-nous-vient-du-bresil

De plus, vous y trouverez des liens vers d'autres articles sur le sujet en question :
Ces paroisses dont le curé est un homme marié ou... une soeur - La Repubblica
Curé réac et star du petit écran - Courrier international
Les cathos à l’ère 2.0 ou le succès d’un curé de montagne - El País
Cure de jouvence pour les religions - The Straits Times
Bonne lecture
A. Cuvelier, pour l'équipe d'initiation aux Sces Po du lycée St Rémi, Roubaix http://www.saintremi.com/
PS : Merci à votre camarade Hinda de nous avoir mis sur la piste...
PPS : Rien à voir, mais sur le site de « Courrier », vous y trouverez également un dossier intéressant sur l'après URSS : http://www.courrierinternational.com/evenement/1991_2011_apres_urss

lundi 9 janvier 2012

Le temps de la religion sans culture


Chers élèves,

Nous vous proposons de poursuivre notre réflexion sur un des deux thèmes du concours commun, les religions, en nous penchant sur l'ouvrage d'Oliver Roy 1, « La sainte ignorance, le temps de la religion sans culture », qui ressort en ce début 2012 en poche (c'est plus abordable!).

Voici le texte de la « 4ème de couverture » :

Ce livre tente de montrer que la « crise des religions », visible à travers la poussée fondamentaliste, vient d’une disjonction croissante entre religion et culture(s). Le religieux demeure pour ainsi dire isolé, sorti des cultures traditionnelles où il est né, écarté des nouvelles cultures où il est censé s’intégrer. De cette schizophrénie naissent, selon O. Roy, la plupart des phénomènes religieux « déviants » qu’on peut observer aujourd’hui. Il en résulte une approche très neuve du phénomène religieux, avec des questions essentielles reposées par notre actualité : quel rapport entre religion et culture, religion et civilisation ? Mais d’abord : qu’est-ce qu’une culture, une civilisation ? La culture doit-elle être en opposition ou en accord avec le fait religieux ? Que fait-on de la culture de celui qu’on veut convertir ? Que devient la religion de celui qui est déraciné de sa culture d’origine ? Comment la culture mondialisée transforme-t-elle le religieux ? De nombreux exemples, pris dans l’islam et le christianisme contemporain, illustrent une réflexion qui explique la conjoncture religieuse étrange de notre temps.

Source : http://www.seuil.com/livre-9782757826232.htm

De même, ci-dessous, vous trouverez la « critique » enthousiaste du magazine « Alternatives internationales » :

Sur le marché des croyances et des rituels, chaque "pratiquant" désormais choisit sa religion; celle-ci, à l'heure de la mondialisation, résulte d'un formatage totalement coupé de ses racines culturelles originelles. [...] Les "anciennes" religions du Livre ne font plus recette, déclinent face à l'engouement pour les Témoins de Jéhovah, les mouvements charismatiques, les divers pentecôtismes, les télé-évangélistes et surtout les incroyables hybridations transreligieuses. La religion-à-la-carte s'avère déterritorialisée: elle s'affirme hors du sol qui l'a vu naître et hors sa langue liturgique, elle conduit à de curieux résultats, au gré des humeurs des nouveaux "pratiquants", tel code vestimentaire avec tels interdits alimentaires et telle prière collective, etc., sans aucune référence au dogme. Ainsi s'affirme un rock chrétien, s'ouvre un fast-food halal, se commercialise un cacher écologique! La religion est devenu un bien à consommer, "c'est quand je veux et comme je veux!". "Le marqueur religieux, observe l'auteur, est alors transformé en marqueur culturel, mais du coup, inévitablement la culture laïque est vue sous l'angle religieux. Cette laïcisation de rites religieux atteint parfois le niveau du simple folklore." Chacun fabrique son catéchisme, son Panthéon, ses rites, son calendrier cultuel et adhère à une religion démarquée de sa culture. En cela, ces "nouveaux pratiquants" partagent la même"sainte ignorance".

Source : http://www.alternatives-internationales.fr/la-sainte-ignorance--le-temps-de-la-religion-sans-culture-par-olivier-roy_fr_art_803_41299.html

Le site de France culture permet de réécouter l'interview suivante diffusée le 06/01/2012 : http://www.franceculture.fr/emission-les-matins-2012-l%E2%80%99entree-dans-une-ere-postislamiste-2012-01-06

Voici un extrait du billet d'introduction de l'interview :

Des violences du groupe islamiste Boko Haram au Nigéria à la percée des frères musulmans aux élections égyptiennes, de l’arrivée des islamistes au gouvernement du Maroc au blocage de la fac de lettres de Tunis pour cause d’interdiction de niquab, une fois de plus l’islam fait l’actualité dans le monde.

D’aucuns y verront une menace, voire la fin des révolutions arabes ; et nous n’avons pas manqué le débat aux Matins quand nous recevions Jean-François Bayart et Martine Gozlan sur la compatibilité entre islam et démocratie.

A voir également ci-dessous :


les matins - Olivier Roy par franceculture

Afin de prolonger l'émission de France culture, voici quelques liens dans la même veine :

Entretien accordé par O. Roy au Monde des religions :

http://www.lemondedesreligions.fr/actualite/on-peut-etre-integriste-religieux-et-accepter-la-democratie-06-12-2011-2069_118.php

Un lien fort riche de « Sciences humaines » sur les révolutions arabes : http://www.scienceshumaines.com/les-revolutions-arabes_fr_27108.html

Bonne écoute et bonne lecture.

A. Cuvelier, pour l'équipe d'initiation aux Sces Po du lycée St Rémi, Roubaix http://www.saintremi.com/

1 Qui est Olivier Roy ? Le lien de la prestigieuse École des hautes études en sciences sociales (EHESS) vous permet de parcourir rapidement le CV de ce remarquable chercheur : http://cetobac.ehess.fr/document.php?id=102

mardi 3 janvier 2012

It's "caucuses" time

Dear students, hum... in fact, chers élèves (in french, please)

2012 est une année particulièrement importante pour la vie politique de nombreux pays, du fait d'échéances électorales stratégiques ! Aujourd'hui, nous vous proposons de vous plonger dans les « caucuses » aux Etats-Unis, en partant de ce riche article de RFI, qui vous oriente vers 6 liens de la presse « étatsunienne » pour prolonger vos lectures, et surtout dans le cadre de votre préparation au concours d'entrée à Sces Po, de « practice you english » :

http://www.rfi.fr/ameriques/20120102-etats-unis-coup-envoi-primaires-republicaines-iowa

http://www.washingtonpost.com/politics/the-line-on-the-iowa-caucuses-romney-has-best-odds-santorum-has-the-momentum/2012/01/01/gIQATX0yUP_story.html?hpid=z1

http://caucuses.desmoinesregister.com/2011/12/31/varying-scenarios-varying-results/

http://www.nytimes.com/2012/01/02/us/politics/focus-on-electability-as-caucuses-near.html?_r=1

http://www.nytimes.com/2012/01/02/us/politics/focus-on-electability-as-caucuses-near.html?_r=1

http://www.latimes.com/news/opinion/opinionla/la-ed-honduras-20120102,0,7022781.story

http://www.miamiherald.com/2012/01/01/2570030/cuba-stacks-up-the-building-blocks.html

Bye...

A. Cuvelier, pour l'équipe d'initiation aux Sces Po du lycée St Rémi, Roubaix http://www.saintremi.com/

Bon anniversaire l'euro, suite, en VO

Chers élèves,
Afin de prolonger notre article du 01/01/2012 sur l'anniversaire de l'euro (dix ans), nous vous proposons de relire (et non de réécouter) la revue de presse internationale deThomas Cluzel sur France culture en date du 02/01/2012 consacrée à ce sujet. Pour une fois, nous ne proposons que le "copier-coller" de sa revue de presse (d'où le style... surprenant à la lecture, style qui doit certainement révéler l'utilisation d'un logiciel de reconnaissance vocale?!). Pourquoi une démarche si simpliste de notre part, vous direz-vous? Ce (honteux...) copier-coller nous a permis de faire le(s) lien(s) avec la presse européenne. En effet, pour sa revue de presse, T. Cluzel s'appuie sur différents articles européens, articles que nous vous proposons de retrouver grâce aux liens internet que nous avons insérés dans le corps du texte. Donc, "y'a plus qu'à cliquer".
Bon surf!
A. Cuvelier, pour l'équipe d'initiation aux Sces Po du lycée St Rémi, Roubaix http://www.saintremi.com/

Source:http://www.franceculture.fr/emission-revue-de-presse-internationale-revue-de-presse-internationale-de-thomas-cluzel-2012-01-02

Il y a quelques années ... souvenez-vous ... une publicité vantant les bienfaits des produits laitiers mettait en scène un petit garçon ... qui à l'heure du petit déjeuner faisait tout pour attirer l'attention de son père absorbé par son journal avec cette question : dis papa c'est quoi cette bouteille de lait ? ... Et bien 20 ans plus tard ... on imagine que la même scène pourrait peu ou prou se répéter avec toutefois une autre question existentielle ... Dis papa c'est quoi la crise de l'euro ? ... Alors pour tous les parents qui appréhenderaient ce jour inéluctable où il vous faudra vous résoudre à expliquer à votre enfant c'est quoi la crise de l'euro ... et bien le journal milanais IL SOLE (http://www.ilsole24ore.com/art/commenti-e-idee/2011-12-02/porcellini-lieto-fine-064100.shtml?uuid=AayJuVQE&fromSearch )vous suggère tout simplement de relire avec vos lunettes d'aujourd'hui le célèbre conte des trois petits cochons ... Car en effet le conte présente une métaphore évidente de la crise ... le grand méchant loup mais aussi de ses causes ... le comportement des trois petits cochons ... les little pigs ... pigs étant vous le savez ... l’acronyme de Portugal ... Italie ... Grèce ... et Espagne ... autrement dit les pays les moins vertueux de la zone euro ... Il y a ensuite les apparences multiformes de l’imprévoyance ... la cabane en paille et la maison en bois ... preuve que l’affaiblissement de la construction économique et sociale peut être atteint en empruntant des voies multiples ... Ensuite on apprend qu’il n’est pas nécessaire pour autant d’être excessivement prudent puisque la maison en briques ne suffit pas non plus à se protéger du loup ... capable de s’introduire en passant par le conduit de la cheminée ... En revanche comme dans le conte de Walt Disney ... les cochons qui ont construit leur maison en paille ou en bois échappent bel et bien aux crocs du grand méchant loup grâce à l’hospitalité de leur frère plus prévoyant ...

Dès-lors ne reste plus qu'un seule énigme donc pour répondre à la sagacité de vos enfants : mais qui est le grand méchant loup ? ... Dans le conte poursuit le quotidien italien ... il incarne ce que l’on obtient lorsque l’on nie un danger manifeste ... Il revêt une apparence extérieure .... dans notre cas celle de la spéculation ... mais en réalité il est la conséquence d’un refus d’acceptation de la réalité ... Or ce déni ... s’il dure trop longtemps entraîne une accumulation de déséquilibres de plus en plus difficiles à contrôler ... En clair ... plus la société ou la classe politique continue à ignorer la réalité et plus le loup ... comprenez la spéculation … est dangereux ... Mais où la fable est sans doute un modèle particulièrement éclairant ... c'est lorsqu'elle nous rappelle que si l’imprévoyance réveille l’appétit du loup-spéculation ... la seule prévoyance en revanche ne suffit plus pour protéger qui que ce soit ... y compris les prévoyants eux même ... Et nous en avons pour preuve les signes de contagion de ces derniers jours qui s’étendent aux pays les plus vertueux du Nord de l’Europe ... Et c’est ici donc qu’intervient la ruse ... c'est à dire dans la capacité à reconnaître que l’engagement des plus forts ne peut se limiter à un devoir civique d’assistance ... recueillir les petits cochons les plus exposés au danger ... mais qu’il doit au contraire revêtir le caractère d’une mobilisation d’urgence ... la fameuse marmite d'eau bouillante ... D'où ce commentaire du journal IL SOLE ... ce n’est donc pas le sens civique du contribuable germano-finlandais ou autrichien qui résoudra la crise ... non ... c’est la ruse qui doit être le moteur d’interventions exceptionnelles capables de menacer de façon crédible la spéculation et de la mettre en fuite ... En clair ... c’est seulement si les imprévoyants deviennent prévoyants ... et si les prévoyants deviennent plus rusés nous apprend le conte ... que les pays de la zone euro connaîtront un happy end et que l’euro sera promis à un bel avenir.

Alors il faut bien reconnaître que pour l'instant c'est vrai on est encore loin du happy end ... D'ailleurs hier 1er janvier 2012 ... personne n'a songé à célébrer le dixième anniversaire de la monnaie unique ... Et pourtant ... écrit la SUDDEUTSCHE ZEITUNG (http://www.sueddeutsche.de/geld/zehn-jahre-euro-bargeld-im-deutschen-geldbeutel-dominiert-der-bundesadler-1.1246883) ... le 1er janvier 2002 est probablement l’une des rares dates dont se souviennent tous les adultes européens ... Ce jour-là pour la première fois le verre de vin chaud en bas des pistes coûtait 1 Euro au lieu de 2 Deutsch Marks ... En ville ... tous les distributeurs étaient pris d’assaut ... les gens couraient avec leurs petits sachets d’euros fraîchement imprimés ... ils découvraient avec étonnement les diverses faces nationales des euros ... ici Mozart ... là le roi des Belges bref ce jour-là ... 307 millions d’Européens avaient en main une nouvelle monnaie ... C’était donc il y a dix ans ... Alors joyeux anniversaire l’euro écrit encore le quotidien allemand dans cet article à lire sur le site du courrier international ... Réjouissons-nous dit-il et faisons sauter les bouchons de champagne ... ou pas ... Car c'est vrai que la liste des festivités hier n'avait pas franchement de quoi faire rêver ... Jugez plutôt : La Banque centrale européenne ... l'autorité monétaire suprême de l’Europe n’avait prévu qu’une journée portes ouvertes et la fabrication d'une pièce spéciale anniversaire ... A côté de ça ... la “Semaine verte” de Berlin sur l’agriculture paraît extravagante ironise le journal ... La Bundesbank elle est allée encore plus loin dans le minimalisme puisqu' elle s’est contentée de mettre en place sur son site Internet un bloc info intitulée “Dix ans d’euro : les faits” ... Bon ... A Berlin la chancellerie elle n’a tout simplement pas réfléchi à la question ... Enfin aucune manifestation ou célébration du côté de la Commission européenne ...

La monnaie commune a vécu en somme son 10e anniversaire dans une discrétion révélatrice de la crise profonde qu’elle traverse ... renchérit Le SOIR (http://www.lesoir.be/actualite/economie/2012-01-01/l-euro-franchit-en-pleine-crise-le-cap-de-ses-10-ans-887432.php ) en Belgique ...

Et à lire encore les prévisions de l'économiste Joseph Stieglitz dans les colonnes du TEMPS ( http://www.letemps.ch/Page/Uuid/9c1ec82c-3187-11e1-8a87-d06ce8e17ce0|) en Suisse ... et bien on se dit que la marmite d'eau bouillante susceptible de faire fuir la crise n'est pas encore prête ... Les leaders européens ont proclamé à l’envi leur attachement à l’euro ... mais ceux qui pouvaient le faire n’ont cessé de faire savoir qu’ils ne sont pas prêts à prendre les mesures qui s’imposent écrit l'économiste ... Ils ont reconnu que l’austérité engendrera une croissance plus faible et que sans croissance ... les pays en difficulté de la zone euro ne seront pas capables de gérer leurs dettes ... Or ils n’ont rien fait pour stimuler la croissance ... Autrement dit ... ils sont entrés dans une spirale destructrice ... Le scénario le plus probable pour 2012 est donc la reproduction à l’identique du schéma 2011... austérité ... affaiblissement des économies ... plus de chômage et de déficits persistants ... Et Joseph Stieglitz d'ajouter ... le jour du Jugement pourrait venir en 2012 ... 2012 pourrait se révéler être l’année au cours de laquelle l’expérience de l’euro ... l’apogée de 50 années d’intégration économique et politique en Europe prendra fin ... Et dans ce cas ... au lieu de mettre un terme tant attendu à la Grande Récession de 2008 ... 2012 pourrait marquer le début d’une phase nouvelle et plus effrayante encore de la pire calamité économique du monde en 75 ans ... Allez bonne année.

dimanche 1 janvier 2012

01/01/2012: bon anniversaire l'euro


Source: http://www.liberation.fr/economie/01012380616-2002-2012-toujours-euro

Chers élèves,

Ça y est, nous sommes en 2012. Donc, en plus de vous réitérer tous nos vœux de bonheur et de réussite, nous vous invitons à faire un point sur les dix de l'euro (et oui, dix ans déjà ou seulement..). Et de l'inscrire dans vos révisions sur la construction européenne. On pourrait d'ailleurs inventer un sujet du type : « La monnaie unique et la construction européenne ».

Pour vous aider dans votre démarche voici quelques liens à cet effet.

Libération : 2002-2012, toujours euro ?

Dix ans après l’entrée de la monnaie unique dans le quotidien des Européens, la zone euro traverse sa crise la plus grave, révélant ses failles originelles.

Suite et source : http://www.liberation.fr/economie/01012380616-2002-2012-toujours-euro

& http://www.liberation.fr/economie/01012380714-l-euro-a-ete-une-mauvaise-chose-pour-une-majorite-de-francais

Le Monde : http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/12/31/deux-tiers-des-francais-contre-un-abandon-de-l-euro_1624597_3234.html

Le Point (à fouiller) : http://www.lepoint.fr/economie/le-roman-de-l-euro-31-12-2011-1414148_28.php

Bonne année !

A. Cuvelier, pour l'équipe d'initiation aux Sces Po du lycée St Rémi, Roubaix http://www.saintremi.com/