Chers élèves, chers
lecteurs,
Petite pause dans votre
intense préparation au concours commun : Voici une des
nombreuses chroniques d'Amid Faljaoui, directeur des magazines
francophones de Roularta, décryptant l'actualité économique
sur les ondes de la radio belge.
Bonne lecture et bonne écoute
« Pourquoi les riches ont-ils
gagné ? »
jeudi 27 mars 2014 à 07h31
Le dernier livre de Jean-Louis Servan Schreiber
a le mérite d’avoir un titre choc en phase avec la période
actuelle. Son titre est simple : « pourquoi les riches ont gagné ?
», et son auteur, n’est pas un marxiste, ni un coupeur de têtes,
il a même plutôt très bien réussi financièrement. Mais mieux que
d’autres, Jean-Louis Servan Schreiber a compris que l’une des
séquelles de cette crise qui dure depuis 6 ans maintenant aura été
de creuser encore plus les inégalités.
Au journaliste belge qui l’avait interviewé, il y
a quelques semaines, je me souviens qu’il avait démarré
l’interview en lui expliquant que s’il avait intitulé son livre
le « retour des inégalités », ce même journaliste ne se serait
sans doute pas déplacé. Alors qu’avec un titre choc, comme «
pourquoi les riches ont gagné ? », Jean-Louis Servan Schreiber
était certain d’attirer l’attention !
Et il a eu raison de le faire sous cet angle !
Au-delà du titre de son livre, il a raison, les inégalités
augmentent partout. La meilleure preuve de cette montée des
inégalités vient d’en être donnée par le dernier classement des
fortunes mondiales établi par le magazine américain Forbes. On y
découvre que les 66 personnes les plus riches de la planète ont
autant d’argent que les 3 milliards et demi d'habitants les plus
pauvres.
Vous aviez bien entendu, 66 personnes seulement ont
autant d’argent que 3 milliards et demi d’êtres humains. Même
si on n’est pas de gauche, c’est un chiffre qui doit choquer et
nous alerter. Si je parle de gauche, c’est à dessein, car
aujourd’hui, de nombreux économistes catalogués comme libéraux
s’inquiètent de cette montée des inégalités. A la limite, ce
n’est même pas par altruisme, mais parce qu’ils savent que ce
genre de situation est intenable à terme.
D’abord, parce que des inégalités trop fortes
portent en elles les germes d’une éventuelle révolution sociale.
L’histoire montre que quand les riches sont atteints de surdité,
les pauvres finissent par se faire entendre de manière sanglante.
Ensuite, parce que si la classe moyenne se délite, se décompose
jour après jour, ce n’est pas bon pour l’économie, car
n’importe quel économiste vous le dira, ce ne sont pas les riches
qui font tourner l’économie mais l’immense classe moyenne.
Même des pays comme la Grande-Bretagne ou les
États-Unis qui sont des pays ultra-libéraux selon certains
critères, même ces deux pays-là sont en train de se poser des
questions sur cette montée des inégalités. Mais attention : pas
parce que leurs dirigeants sont devenus subitement socialistes, mais
parce que réduire les inégalités est devenu le moyen « à la mode
» pour tenter de relancer la croissance.