Chers élèves, chers
lecteurs,
Le FMI s'est trompé
(Pardon ? vous n'êtes pas au courant ? Vous avez
particulièrement raison de consulter notre modeste blog. Lisez ce
qui suit...
)
L'erreur du FMI a aggravé
la politique de rigueur imposée à la Grèce, au Portugal par
exemple, avec l'explosion de la paupérisation que l'on sait. De
fait, il semble intéressant de s'interroger sur l'idée de justice
sociale dans un monde interconnecté, au moins économiquement
et techniquement parlant ? En effet, comme le souligne Amid
Faljaoui (voir lien ci-dessous), l'organisation économique du monde
actuel a été bâtie par les accords de Bretton Woods en 1944, et
depuis, il est hors de question de sortir d'un système pour lequel
le profit est bâti en dogme quasi sociétal.
Mais ce qui est à mettre
en lumière également, ce que cette erreur du FMI recoupe aussi
votre réflexion sur la science, car comme le rappelle
Hubert Huertas dans ses « Billets politiques » sur France
culture : « Un rapport de quarante quatre pages
signé par un économiste en chef du FMI, un français, Olivier
Blanchard [. Il] dit [...] que les plus hautes instances économiques
mondiales et européennes se sont plantées en imposant, au
nom de la science, l’austérité à toute
l’Europe.
Ce que dit Olivier Blanchard, c’est que le
modèle mathématique sur lequel s’appuyaient ces politiques visant
au désendettement radical, et au retour sacré à l’équilibre
budgétaire, comportaient une erreur au niveau, je cite, du
multiplicateur fiscal ».
Bref, nous vous invitons
à lire les deux articles suivants :
Quand l'économiste en chef du FMI fait son mea culpa
Il n’y a que les imbéciles qui ne s’excusent
pas et Olivier Blanchard, l’économiste en chef du FMI n’a pas
envie de passer pour un imbécile. Il a donc reconnu que l’impact
des mesures d’austérité a été largement sous-estimé. Cette
erreur de calcul est donc en quelque sorte à l’origine de
l’aggravation de la crise !
Voilà un mea culpa qui ravit les critiques de
l'austérité budgétaire. Le chef économiste du Fonds monétaire
international (FMI) reconnaît donc que les coupes budgétaires ont
provoqué un recul nettement plus fort que prévu de la croissance
européenne.
Ce mea culpa au plus haut sommet du FMI pourrait
expliquer les souplesses accordées ces derniers temps à l'égard de
pays tels que la Grèce et le Portugal. La Grèce et le Portugal ont
en effet reçu plus de temps pour atteindre les objectifs qui leur
sont fixés dans le cadre de l'aide internationale qu'ils perçoivent.
Le plus étonnant, c’est que ce constat a été
fait par deux économistes du FMI, dont l’économiste en chef, mais
malgré leur aveu, ils ont bien indiqué que leur document ne devait
pas être considéré comme reflétant les opinions du FMI lui-même.
Ce qui revient à dire: "je ne suis pas d’accord avec la
politique de mon institution, mais je ne le dis pas officiellement,
mais sous le couvert d’une note technique."
L’économiste belge Paul Jorion, l’un des rares
à avoir fait carrière aux États-Unis ironise en expliquant qu'il
ne commente pas cette nouvelle parce que "le Fonds Monétaire
International s’est trompé sur à peu près toutes les questions
depuis sa création en 1944", mais en attendant, ce sont des
familles entières en Grèce, au Portugal ou ailleurs qui ont
souffert de cette bévue. Mais bon, se tromper n’est pas encore
considéré comme une faute grave pour un économiste, sans quoi
beaucoup seraient au chômage.
Extraordinaire : l'austérité est une erreur mathématique !
C’est une information extraordinaire, dont les
conséquences sont immenses, mais qui fait beaucoup moins parler que
les dérives pathétiques d’un acteur célèbre. Un rapport de
quarante quatre pages signé par un économiste en chef du FMI, un
français, Olivier Blanchard. Il dit tout simplement que les plus
hautes instances économiques mondiales et européennes se sont
plantées en imposant, au nom de la science, l’austérité à toute
l’Europe.
Ce que dit Olivier Blanchard, c’est que le modèle mathématique
sur lequel s’appuyaient ces politiques visant au désendettement
radical, et au retour sacré à l’équilibre budgétaire,
comportaient une erreur au niveau, je cite, du multiplicateur fiscal.
Pour simplifier beaucoup, ce modèle mathématique, donc
incontestable, prévoyait que lorsqu’on retire un euro dans un
budget il manquerait un euro dans le pays concerné. Or c’est faux.
Pour des raisons qui tiennent à une réalité parfaitement triviale,
et qui est que les hommes sont humains, cette austérité a déclenché
des réactions collectives qui ont abouti à ce que cet euro retiré
a provoqué la perte de trois euros dans les sociétés concernées.Multipliez par des milliards, et vous comprendrez pourquoi l’austérité imposée à coup de sabre par des troïkas savantes n’a conduit qu’à plus d’austérité, plus de chômage, et plus de récession.
Suite et source :
http://www.franceculture.fr/emission-le-billet-politique-d-hubert-huertas-extraordinaire-l-austerite-est-une-erreur-mathematique
Enfin, chers élèves,
chers lecteurs, si vous avez un petit quart d'heure pour visualiser
cette vidéo de Paul Jorion, et au passage (re)découvrir la riche
pensée de Paul Jorion1,
dont nous intégrons en ce jour le lien vers son blog dans nos
favoris.
A. Cuvelier,
http://saintremi.com/
1
Paul Jorion est titulaire de la chaire « Stewardship
of Finance » à la Vrije Universiteit Brussel. Il est
également chroniqueur au Monde-Économie. Il est diplômé en
sociologie et en anthropologie sociale (Docteur en Sciences Sociales
de l’Université Libre de Bruxelles). Il a enseigné aux
universités de Bruxelles, Cambridge, Paris VIII et à l’Université
de Californie à Irvine. Il a également été fonctionnaire des
Nations-Unies (FAO), participant à des projets de développement en
Afrique.
Paul Jorion a travaillé de 1998 à
2007 dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de
la formation des prix. Il avait préalablement été trader sur le
marché des futures dans une banque française. Il a publié un
ouvrage en anglais relatif aux répercussions pour les marchés
boursiers de la faillite de la compagnie Enron : Investing
in a Post-Enron World (McGraw-Hill 2003).
Il a publié, La crise du capitalisme
américain (La Découverte 2007 ; Le
Croquant 2009), L’implosion. La finance
contre l’économie : ce que révèle et annonce « la crise
des subprimes » (Fayard 2008), La
crise. Des subprimes au séisme financier planétaire
(Fayard 2008), L’argent, mode d’emploi
(Fayard 2009), Comment la vérité et la
réalité furent inventées (Gallimard
2009), Le prix (Le
Croquant 2010), Le capitalisme à l’agonie
(Fayard 2011) et La guerre civile numérique
(Textuel 2011).
Ses ouvrages les plus récents sont
Misère de la pensée économique
(Fayard 2012) et La survie de l’espèce
(Futuropolis/Arte) avec Grégory Maklès .