Chers élèves, chers
lecteurs,
Merci à Lise de nous
permettre de prolonger cet ancien article :
http://sciencepostremi.blogspot.fr/2012/10/justice-vs-science-iep-le-seisme-de.html
En effet, croiser les
deux thèmes « science » et « justice », par
exemple « Science et justice » est un excellent exercice
d'entraînement pour votre objectif du 25 mai...
De fait, voici quelques
réactions suite à la condamnation des scientifiques lors du séisme
de l'Aquila en Italie :
L'Aquila
: il ne s'agit pas de science mais de corruption
Par Sabina
Guzzanti, actrice italienne et réalisatrice de "Viva Zapatero
!" et "Draquila, l'Italie qui tremble"
Lors du procès de
L'Aquila, ils ont utilisé un extrait de mon documentaire «Draquila,
l'Italie qui tremble» en tant que pièce à conviction. L'un des
scientifiques reconnu coupable nous avait accordé à l'époque une
interview au cours de laquelle il a admis avoir agi illégalement ;
il a confessé que la réunion de crise organisée entre les
scientifiques afin de déterminer la gravité de la situation était
une mise en scène. Ils ont agi ainsi pour donner l'impression qu'ils
étaient en charge de cette crise, mais en fait ils n’ont pas eu le
temps d'en arriver à la conclusion. Et cette rencontre n'a servi
qu'à donner par la suite une conférence de presse afin de déclarer
publiquement aux citoyens qu'il n'avaient pas de souci à se faire.
L’Aquila
: l’expert travaille avec la probabilité alors que les medias et
la justice exigent des réponses certaines
Par Michel Serres,
philosophe
N’étant pas expert en
droit italien, je ne connais pas les attendus de la cour et ne peux
juger le procès de l’Aquila. Par contre, je peux donner mon avis
au sujet de la notion d’expertise. Car toute la question est de
savoir ce qu’on entend par le terme «expert». Ce dernier ne peut
être utilisé de manière légère.
Il y a en effet deux
types de sciences :
- La première est
déterministe et prévisionnelle. Si vous prenez une boule de métal
dans la main et que vous la lâchez, vous pouvez prévoir qu'elle
tombera. Et par conséquent, vous pourrez déterminer exactement à
quel endroit elle tombera et à quel moment elle tombera. Cela
s’appelle la mécanique céleste : vous pouvez prévoir à
quelle heure, à la minute et la seconde près, se lèvera le soleil
demain et vous pouvez prévoir à quelle minute et seconde précises
telle éclipse aura lieu dans un, dix ou mille ans. Ce type de
science fondé sur des prévisions n'a pas besoin d'experts.
- Il y a une seconde
science dont les prévisions ne sont fondées que sur des
statistiques. Cela concerne les prévisions météorologiques,
médicales, etc... Les scientifiques ne peuvent, dans ces
disciplines, fonder leurs prévisions que sur les statistiques et
parler en termes de «cas». Or, il y a une différence énorme entre
un cas individuel précis et la statistique.
L'Aquila
: les premiers responsables sont les décideurs, pas les experts
Par Vincent
Courtillot, professeur à l'université Paris-Diderot, membre des
académies des sciences de France, Europe et Chine Membre honoraire
de l'IUF
Si la sismologie a fait
des progrès fantastiques depuis vingt ou trente ans, elle ne permet
absolument pas de prédire les séismes à court terme. Il s’agit
d’une impossibilité technique et peut-être même une
impossibilité fondamentale. Il est possible que la physique des
tremblements de terre soit telle que nous ne puissions jamais les
prévoir à l’échelle du jour, du mois ou de l’année.
Rendre
les sismologues responsables d'homicides involontaires, c'est
complètement délirant!
Par Michel
Alberganti, journaliste scientifique. Producteur de l'émission
«Science Publique» sur France Culture.
Les experts doivent-ils
être punis? Tout dépend le domaine où cette expertise s'exerce. Un
géomètre expert qui se trompe dans une mesure, étant donné que
c'est un métier qui est complètement balisé, où il n'y a pas de
source d'erreur ou d'incertitude c'est une faute. Pareil pour un
expert comptable, s'il fait une erreur de calcul, c'est une faute.
Tous les domaines dans lesquels il y a des lois physiques qui
permettent de prévoir les phénomènes, dans ces cas là, ce sont de
vraies fautes professionnelles si l'expert se trompe.
Lire également la
réaction de Patrick Gaudray, directeur de recherche au CNRS :
Précision : certes,
nous avons sélectionné des articles majoritairement en faveur de la
défense des scientifiques, mais le choix répond avant tout à la
qualité des intervenants sur le site Newsring.fr
Bonne lecture
A. Cuvelier,
http://saintremi.com/