Chers élèves, et notamment à nos chers étudiants,
chers lecteurs,
Le thème de la justice sociale vous a valu un beau
plantage en examens de fin de semestre.
Afin de ne pas "bloquer" seulement sur des problèmes
méthodologiques, mais de vous apporter du grain à moudre
(c'est-à-dire approfondir vos connaissances), nous vous conseillons
d'une part de réécouter l'émission de France culture, « La
grande table » de ce mardi 05/02/2013, sur le thème « Qui
sont les pauvres ? » :
http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-1ere-partie-qui-sont-les-pauvres-2013-02-05
Puis de prolonger cette écoute par quelques
lectures en ligne, dont le point de départ est en anglais :
Retroview: What Poverty Means by Neil
Gilbert
Although the poor have always been with us and, as
the Bible suggests, will continue to be so (Deut. 15:11), it was not
until the late 19th century that Charles Booth made the
first scientific effort to determine their numbers. From his seminal
1880s survey of the working classes in London up to the mid-20th
century, poverty typically meant a level of subsistence that barely
afforded sufficient food, lodging and clothing. Booth’s initial
estimate put the poverty line at about a thousand shillings per
year.1 Around the same time in the United States, Robert
Hunter reckoned the figure to be $460 per year for the average family
of five.2
Ensuite penchez-vous sur les
réactions des invités de Caroline Broué à cet article :
Ex. :
Magali Reghezza :
« C’est un article
provocateur, qui propose une réflexion sur la pauvreté en Amérique
du Nord. D’après son auteur, si on prend en compte l’éventail
des biens dont disposent les pauvres, on peut avoir des doutes sur la
véritable étendue de la pauvreté. La pauvreté entendue comme
dénuement absolu a quasiment cessé d’exister, mais ceux qui sont
considérés comme pauvres sont ceux qui ne peuvent accéder à la
société de consommation. Ce point de vue pose problème. Certes, la
pauvreté a diminué en tant que dénuement matériel absolu, mais
elle continue à empêcher les individus de se réaliser en tant
qu’êtres humains. De plus, les inégalités sont de plus en plus
croissantes. On ne peut réduire l’individu au toit qu’il a sur
la tête, et à sa capacité à manger tous les jours. C’est un peu
réducteur, et cela passe à côté des enjeux du 21ème siècle.
Ce qui est gênant, c’est l’apparente
objectivité de ce texte, avec un moralisme rampant assez dérangeant
opposant le bon pauvre vivant simplement et le mauvais pauvre
profiteur. Il donne l’exemple de l’exclusion sociale pour parler
de la pauvreté invisible, et souligne par exemple que les pauvres ne
sont pas condamnés à vivre dans des zones à risques, car des
riches y vivent aussi. Or, les riches ont le choix. Le niveau de
richesse matériel finit par être un déterminant du choix
individuel.
Ainsi, la question ne serait-elle pas celle de
l’inégalité ? Les inégalités ont des coûts sociaux, et
donc économiques, extrêmement lourds. Cette question de l’égalité
est fondamentale : plutôt que lutter contre la pauvreté, il
faudrait lutter contre les inégalités. »
Source : voir le premier lien
ci-dessus.
Enfin, l'article de J.K.
Galbraith, évoqué durant cette émission, est accessible en
cliquant sur ce lien :
http://www.monde-diplomatique.fr/2005/10/GALBRAITH/12812
En voici un extrait :
Derrière la fatalité,
l’épuration sociale
L’art d’ignorer les pauvres
Chaque catastrophe « naturelle » révèle, s’il en était besoin, l’extrême fragilité des classes populaires, dont la vie comme la survie se trouvent dévaluées. Pis, la compassion pour les pauvres, affichée au coup par coup, masque mal que de tout temps des penseurs ont cherché à justifier la misère – en culpabilisant au besoin ses victimes – et à rejeter toute politique sérieuse pour l’éradiquer.
« Je voudrais livrer ici
quelques réflexions sur l’un des plus anciens exercices humains :
le processus par lequel, au fil des années, et même au cours des
siècles, nous avons entrepris de nous épargner toute mauvaise
conscience au sujet des pauvres. Pauvres et riches ont toujours vécu
côte à côte, toujours inconfortablement, parfois de manière
périlleuse. Plutarque affirmait que « le
déséquilibre entre les riches et les pauvres est la plus ancienne
et la plus fatale des maladies des républiques ».
Les problèmes résultant de cette coexistence, et particulièrement
celui de la justification de la bonne fortune de quelques-uns face à
la mauvaise fortune des autres, sont une préoccupation
intellectuelle de tous les temps. Ils continuent de l’être
aujourd’hui. »
A. Cuvelier, http://saintremi.com/
PS : Merci le Monde
diplo. !!!