Chers élèves, chers
lecteurs,
Comme vous êtes déjà
plongé dans les profondeurs abyssales des thèmes du concours commun
d'entrée en IEP, soit la « science » et la « justice »,
nous vous invitons aujourd'hui à tirer de l'actualité un exemple
concret sur ce dernier thème: pour ce faire, voici un extrait et un article du journal catholique "La Croix" dans lequel l'actuelle garde des Sceaux, Christiane Taubira expose le projet de loi sur le mariage homosexuel.
Christiane Taubira : «
Le mariage pour tous répond à une exigence d’égalité »
La garde des Sceaux
présente, en exclusivité pour « La Croix », ce que seront les
grandes lignes du projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption
aux couples de même sexe.
La Croix. Ouvrir le mariage
aux personnes de même sexe change profondément le sens d’une
institution qui a traversé les siècles. Pourquoi n’avoir pas
plutôt choisi d’étendre les droits des personnes pacsées ?
Christiane Taubira : Le mariage est en
effet une institution ancienne qui occupe une place très
particulière dans le code civil. C’est un acte juridique solennel,
inventé pour structurer la société, qui codifie plus strictement
que d’autres formes d’union (le pacs et le concubinage) les
conditions de la vie commune. Réformer le mariage en l’ouvrant aux
couples de même sexe fait, il est vrai, débat. Mais, vous savez,
les réformes touchant au mariage se sont toujours faites dans un
climat passionnel.
En 1884, lorsque le divorce a été introduit, il a
provoqué des débats extrêmement violents et intenses : il y
avait là déjà une confrontation philosophique et anthropologique
évidente entre ceux qui avaient une perception plus religieuse du
mariage et ceux qui, sous l’influence de Lumières, en avaient une
perception plus laïque. Nous sommes donc bien conscients de toutes
les dimensions philosophiques et anthropologiques entourant le
mariage. Mais nous estimons qu’elles ne peuvent venir percuter
l’exigence d’égalité. C’est à cela, à cette exigence
d’égalité, que nous satisfaisons avec ce projet de loi.
Suite et source :
http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/France/Christiane-Taubira-Le-mariage-pour-tous-repond-a-une-exigence-d-egalite-_NG_-2012-09-10-851585
De plus, nous vous
invitons à lire l'article ci-dessous, riche d'enseignement sur une
des très nombreuses fonctions de la justice :
Comment
le code civil va être remanié ?
Rédigé actuellement par la chancellerie en
concertation avec la ministre déléguée à la famille, le projet de
loi doit être présenté fin octobre en conseil des ministres.
L'ouverture du mariage aux couples de même sexe
constitue une révolution sociétale, mais aussi juridique. Une telle
réforme va en effet entraîner la réécriture de nombreux articles
du code civil.
À commencer par l’article 144 qui codifie
ainsi le mariage : « L’homme et la femme ne peuvent
contracter mariage avant dix-huit ans révolus. »
L’article pourrait être modifié comme suit : « Le
mariage peut être contracté par deux personnes de sexe différent
ou de même sexe. Nul ne peut le contracter avant dix-huit ans. »
(1)
La chancellerie ne devrait pas s’aventurer à
définir plus avant le mariage, ce dernier n’ayant jamais jusqu’ici
fait l’objet d’une définition plus précise que l’article 144.
Les droits et obligations attachés au mariage devraient être
strictement les mêmes, qu’il s’agisse d’un couple homosexuel
ou hétérosexuel.
L’autre grand volet de la réforme concerne la
reconnaissance du lien de filiation. La chancellerie prévoit
d’ouvrir l’adoption aux couples de même sexe. Ces derniers
pourront déposer une demande conjointe d’adoption en vue
d’accueillir un enfant abandonné, placé ou né sous X.
Les homosexuels pourront aussi déposer une demande
d’adoption individuelle afin de devenir « parent » de
l’enfant biologique de leur conjoint. Il leur faudra pour cela
entamer une procédure d’adoption (simple) afin de figurer sur
l’état civil de l’enfant.
Ce qui leur ouvrira des droits plus étendus que
ceux prévus aujourd’hui dans le cadre de la délégation
d’autorité parentale puisqu’ils pourront, en plus de l’exercice
de l’autorité parentale, transmettre leur nom et leur patrimoine à
l’enfant adopté.
La communauté homosexuelle réclame plus et
souhaite l’établissement d’une filiation automatique – sans
passer par une procédure d’adoption. De même qu’il existe
aujourd’hui une « présomption de paternité », les
militants homosexuels appellent à la création d’une « présomption
de parentalité » qui leur permettrait d’établir une
filiation immédiate avec l’enfant. Des amendements seront
probablement déposés en ce sens lors du débat parlementaire.
(1) Par ailleurs, tous les articles faisant
référence aux personnes mariées seront réécrits afin que les
termes « homme » et « femme » soient
remplacés par « époux ».
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Les parlementaires font leurs propositions
Après le rejet, en juin 2011, de la
proposition de loi légalisant le mariage homosexuel du député
Patrick Bloche (PS, Paris) – l’UMP était alors majoritaire à
l’Assemblée –, la sénatrice Esther Benbassa (Europe
Écologie-Les Verts, Val-de-Marne) vient à son tour de déposer un
texte qu’elle présentera mercredi 12 septembre à la presse en
présence de l’avocate Caroline Mécary et des universitaires
Daniel Borrillo et Didier Eribon.
À la différence du projet en préparation au
gouvernement, ce texte – cosigné par 11 sénateurs – ouvre
l’accès à l’aide médicale à la procréation aux couples de
femmes.
Article de MARIE
BOËTON du journal La Croix
Enfin, bien que vous prépariez
le concours d'entrée en IEP et non en fac de Droit, il est utile que
vous connaissiez l'existence de quelques outils exploités par le
monde de la justice : ex. :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006070721
Bon courage
A. Cuvelier