lundi 28 juin 2010

Les médias, suite et fin du cours de M.Triquet

Média et opinion publique

En tant que telle, l’opinion est une manière de juger, c’est-à-dire un point de vue qu’un individu peut avoir sur un sujet. Si plusieurs individus partagent un même avis, l’opinion est alors collective. Lorsque le sujet concerne la vie politique ou les affaires publiques, on parle d’opinion publique. Cependant, son expression ne se limite pas aux seuls votes politiques, mais s’élargit à d’autres formes telles que les meetings, les pétitions ou les manifestations. L’opinion publique peut ainsi devenir un moyen de pression et peser sur l’avancée ou le recul des décisions politiques. La connaissance de l’opinion est liée en grande partie à la réalisation de sondages dits « d’opinion » qui ont pris une importance croissante dans la vie politique de toutes les démocraties. Les média (radio, télévision, presse et internet), en tant que principaux vecteurs de l’information, ont ainsi une grande responsabilité dans la formation de l’opinion publique. Dans quelle mesure l’opinion publique est-elle construite ?

* Travail préparatoire




* document 1
Q1 : Dans la façon de poser la question et de limiter le choix dans les réponses, les sondages orientent en partie les réponses données et construisent une problématique artificielle qui n’est pas nécessairement celle qui préoccupe les personnes interrogées.
* document 2
Q2 : Les média sélectionnent l’information qu’ils vont donner au public et à travers cette sélection et la façon dont ils délivrent l’information, influencent la perception de la réalité.
* document 3
Q3 : Cette émission proposait de prendre du recul par rapport aux images et à l’information diffusée par la télévision et, en ce sens, contribue à la formation critique d’un spectateur « éclairé ». En d’autres termes, chaque individu peu être un citoyen « éclairé » grâce aux média s’il se donne les moyens de comprendre le traitement de l’information et s’il diversifie ses sources d’information.
Remarque : Arrêt sur images a d'abord été une émission de télévision française hebdomadaire de décryptage des médias, créée et présentée par le journaliste Daniel Schneidermann et diffusée sur La Cinquième à partir de 1995. Sa diffusion est arrêtée en 2007 par décision de la direction de France 5 (Cette émission a souvent dérangé lorsqu’elle montrait le lien entre média et politique). À la suite de cette suppression, le concept a donné naissance à un site Web, arrêt sur images (arretsurimage.net). Après une forme provisoire en septembre 2007, la version définitive est mise en ligne en janvier 2008. La campagne d'abonnement sur Internet lancée à cette occasion a rencontré un franc succès en dépit d'un silence quasi-complet des médias classiques.

* Synthèse :
Selon Paul Lazarsfeld, (sociologue américain d’origine autrichienne, 1901-1976) les média avaient un effet limité sur l’opinion publique dans les années 1940. Selon ce dernier, ils renforçaient les opinions préexistantes.
A l’inverse certains auteurs considèrent que les média constituent un moyen d’assujettissement des individus aux idées dominantes. Selon P. Bourdieu ou P. Champagne, l’essor de la télévision a renforcé cette manipulation de l’opinion par les média. Ils imposent notamment ce à quoi il faut penser (fonction d’agenda + sondages), car les individus ne recherchent pas forcément à l’origine à avoir une opinion sur tout. Certains sociologues allemands (E. Noelle-Neumann) développent la thèse de la « spirale du silence » : Les média limitent la diversité des opinions en raison d’un effet de suivisme (les individus se rallient à l’opinion dominante) et d’un effet de retrait (ceux qui ont des opinions différentes se retirent du débat public). On retrouve donc là des thèses qui conduisent à penser que l’effet des média sur l’opinion publique peut jouer contre la démocratie. R. Boudon, en reprenant Tocqueville, parle de l’existence possible d’une opinion majoritaire mais silencieuse face à la tyrannie d’une minorité de l’opinion qui est parvenue à faire croire qu’elle est majoritaire. Ainsi, sur de nombreuses questions, les individus n’ont pas d’opinion et se rallient à l’opinion qu’ils pensent être dominante.
En fait il existe un « cens caché », selon D. Gaxie, pour se faire une opinion. Comme le seuil d’imposition qu’il faut pour voter dans le cadre d’un suffrage censitaire, chaque personne doit disposer d’un capital culturel suffisant pour être un citoyen éclairé. Les média peuvent alors permettent aux individus de se forger une opinion personnelle s’ils diversifient les sources d’information et s’ils cherchent à comprendre comment est traitée l’information (ex : L'émission "Arrêt sur image").

vendredi 11 juin 2010

Les médias suite...Avec Bernard Stiegler

Qui est Bernard Stiegler ?


Selon l’excellent site : http://www.arsindustrialis.org/bibliographiebiographie
« Bernard Stiegler, directeur de l'Institut de Recherche et d'Innovation du Centre Georges Pompidou, professeur associé à l'Université de Londres (Goldsmiths College) et à l'Université de Technologie de Compiègne, est philosophe et docteur de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Il a été directeur de programme au Collège international de philosophie, directeur de l'unité de recherche Connaissances, Organisations et Systèmes Techniques, qu'il y a fondée en 1993, directeur général adjoint de l'Institut National de l'Audiovisuel, directeur de l'IRCAM, puis directeur du département du développement culturel du Centre Georges Pompidou ».
Donc, une référence incontournable pour penser les médias !!!
Prenez 5 minutes pour visionner cet extrait de l'émission du service publique "Ce soir ou jamais!" sur France 3:


(Si la vidéo ne fonctionne pas, pour un problème de compatibilité, retrouvez-la sur: http://www.youtube.com/watch?v=TxyC2Ch7djI )

A lire également un article de B. Stiegler dans Télérama (23/07/09) intitulé « Internet rend-il bête ? »
http://www.telerama.fr/techno/internet-rend-il-bete,45457.php
Vous pouvez compléter le visionnage de la courte vidéo ci-dessus par l’émission « Ce soir ou jamais ! » (bis) du 14/01/09 : http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/index-fr.php?page=emission&id_rubrique=515 .
Pour les plus courageux (Cf= « The » problème du manque de temps, surtout avec le concours d’entrée en IEP quasi simultanément aux épreuves du baccalauréat !), le site « Ars industrialis »propose des conférences de Stiegler, etc. : http://www.arsindustrialis.org/les-pages-de-bernard-stiegler
Bonnes révisions.
A. Cuvelier, pour l'équipe Sces Po

Cours N°1 de M.Triquet sur les médias

Média, politique et opinion publique

I) Les média, créateur d’un faux espace public de débat
Selon Dominique Wolton (directeur de recherche au CNRS), il y aurait une association « naturelle » entre démocratie de masse et télévision. Celle-ci constituerait « l’outil le plus démocratique des sociétés ». En fait elle est créateur d’un espace public de débat, maintenant un lien social car « tout le monde la regarde et tout le monde en parle ».
Doc.1 : L’influence de la télévision


Q6 : La télévision impose une « culture populaire » qui n’émane plus des classes sociales elles-mêmes. Elle nivelle les sous-cultures au profit d’une « culture de masse » peu différenciée.
Q7 : La vision du monde qui en résulte, le modèle uniforme présenté à l’ensemble de la société réduit le conflit de classe. La télévision présente des individus plutôt que des groupes sociaux. Chacun cherche à progresser dans les valeurs de la culture dominante, au lieu d’alimenter la lutte des classes d’un conflit sur les valeurs.
Doc.2 : Une construction médiatique du politique

Q8 : Toute information suppose une sélection dans le foisonnement du réel, or un tel choix n’est jamais neutre. C’est ce que l’on appelle la fonction d’agenda. Si les média ne dictent pas ce qu’il faut penser, ils déterminent ce à quoi il faut penser.
Q9 : La télévision privilégie les informations spectaculaires, dont l’image se comprend immédiatement, au détriment des analyses plus complexes ou des changements à plus long terme. Le débat politique s’organise alors en fonction de ces «événements» télévisuels (émeutes, « voile islamique », faits divers) plutôt qu’autour de problèmes moins spectaculaires (chômage, discriminations…).

* Synthèse :
A l’inverse de Dominique Wolton, de nombreux politologues considèrent que la télévision (média de masse) contribue à l’opacification de la réalité sociale sous l’effet d’une présentation à plat et non hiérarchisée des faits lors des journaux (fonction d’agenda). Si les média ne dictent pas ce qu’il faut penser, ils déterminent ce à quoi il faut penser. Les élites politiques ont perçu cette réalité, c’est pourquoi les hommes politiques se laissent dicter les sujets de leur intervention. En fait, les élites politiques sont aujourd’hui sous influence des média. Elles ne jouent plus aujourd’hui, leur rôle de déchiffrement de la complexité sociale. Elles se plient volontiers aux caractéristiques des média de masse. Par exemple les hommes politiques cèdent de plus en plus à la tentation de la personnification (accent mis sur la personnalité de l’individu et non sur le programme qu’il défend), phénomène jusqu’alors plus largement présent aux Etats-Unis.
En fait, avec cet outil, les hommes politiques ont tendances à privilégier de plus en plus une logique de « communication » (simplification du discours, effet d’annonce, petites phrases) par rapport à une logique d’action. Selon Jean-Marie Cotteret, dans « Gouverner c’est paraître », « parler pour ne rien dire est devenu un art oratoire ». Le pouvoir appartient désormais « au plus apparent » en politique et non à celui qui agit dans et pour la longue durée.
Les hommes politiques utilisent désormais les techniques de marketing pour construire leur discours et leur programme. Ceci implique une logique de segmentation de la société (le public est ciblé = stratégie de l’électeur médian) allant à l’encontre du principe même de l’action politique visant l’unité.
En conclusion, la fonction du politique est largement bouleversée par cet avènement de la société spectacle dans les média. Une stratégie de communication apparaît plutôt que la formulation d’un projet politique global, pensé sur le long terme.


Bibliographie :
- Charon J-M : « Les média en France », 2003, éd. La découverte, coll. Repères
- Rieffel R. : « Que sont les média ? Pratiques, identités, influences », 2005, éd Gallimard, coll. Folio
- Bourdieu P. : « L’opinion publique n’existe pas », in Questions de sociologie, éd. de minuit
- Champagne P. : « Faire l’opinion », 1990, éd. de minuit

mardi 1 juin 2010

Les médias (concours commun)

Pour compléter le cours de M. Triquet, voici quelques pistes internet consacrées aux médias.

http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/084000612/0000.pdf
En 2008 est sorti un rapport de Danièle Giazzi, nommé « Les médias et le numérique ». Vous y trouverez un rapport très long et technique (démarrez à la page 11 !) quelques chiffres utiles à votre démonstration : ex. : « Un Anglais ou un Allemand lit deux fois plus de journaux qu’un Français, un Japonais quatre fois plus… », les acteurs (Journalistes !, mais aussi les industries culturelles, les dirigeants de médias, les syndicats, …). Bref, ne lisez pas tout le rapport, mais contentez-vous de la synthèse des pages 11 à 14.

Vous pouvez aussi exploiter le site de … l’ambassade de France au … Botswana (Ah ! Internet !) qui propose un dossier sur les médias en France : http://www.ambafrance-bw.org/article.php3?id_article=96 , soit l’Histoire des médias en France, leur place et leur influence dans la société, l’apparition du multimédia, les grandes tendances qui se dégagent depuis les années 1990... Ex. tiré de la rubrique « Historique » : « Vieux pays de médias, la France a été le berceau de l’un des premiers périodiques, La Gazette, créée en 1631, par Théophraste Renaudot. C’est aussi en France que la première agence d’information fut créée par Charles Louis Havas en 1835, et que la presse grand public vit le jour avec Le Petit Journal de Moïse Millaud, en 1863. Ce dernier devait être le premier à assurer un tirage de masse grâce à une rotative, mise au point par l’ingénieur Marinoni, qui donnera son nom à toute une génération de ces machines, symboles des grands tirages. »

Dans la même logique, le Ministère des affaires étrangères propose « La France à la loupe », « les médias en France ». C’est un dossier facile d’accès, en quatre pages au format PDF, présentant des chiffres pratiques : http://www.ambafrance-eau.org/france_eau/IMG/medias_1_.pdf

Il est utile de connaître le site de l’Observatoire français des médias : http://www.observatoire-medias.info/index.php3

Sur le site de la Documentation française, vous trouverez la « BIBLIOTHEQUE DES RAPPORTS PUBLICS » : L'image des femmes dans les médias , de REISER Michèle , GRESY Brigitte http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/084000614/index.shtml

Enfin, sur l’ « e-quotidien » consacré à la musique classique, http://www.classiquenews.com/lire/lire_chronique_livre.aspx?id=109 , vous pourrez lire le résumé du numéro 338 des Cahiers français consacré à « Information, médias et internet », mai/juin 2007.
Bon travail à tous.
L’équipe Sces Po.