mercredi 25 mai 2011

Internet remet en cause les frontières?! (1ère partie)

« Nous sommes les témoins d'une remise en cause de tout ce qui fonde la politique classique, à savoir l'élitisme, le secret, le territoire et la frontière » (Bertrand Badie(1))


Chers élèves,
voici deux lectures, dont vous ne trouverez ici que deux extraits, à méditer:
Dans le dernier numéro de la Revue des deux mondes (http://www.revuedesdeuxmondes.fr/ ) , dirigée par l'écrivain Michel Crépu, qui consacre son dossier aux "révolutions en ligne", le fameux téléphone arabe est à présent détrôné par le Facebook méditerranéen qui fait basculer la contestation du côté du militantisme virtuel. Car même si le régime égyptien d'Hosni Moubarak tenta bien de couper Internet et les réseaux sociaux afin de plonger le pays dans le chaos, explique Adrien Jaulmes, ancien officier parachutiste devenu journaliste, il précipita paradoxalement les manifestants dans la rue. Et permit à cette "révolution du Nil" d'obtenir le départ du raïs, sans pour autant faire émerger de leader ou de figures tutélaires.
D'où cette question: Comment qualifier le rôle des réseaux sociaux (Facebook, Tweeter, etc.) dans les soulèvements arabes autrement que comme fondamental ? Ils ont « remplacé l'organisation, le leader, et même l'idéologie » répond Bertrand Badie. « Les espaces sociaux font figure depuis début 2011 de centre de gravité. C'est un phénomène qui rompt non seulement avec ce que nous avions coutume de percevoir dans le monde arabe mais aussi avec notre sociologie des révolutions telle qu'elle s'est constituée à partir de 1917. » 1917 : la révolution russe. 2011 : les révolutions arabes qui sont « premières révolutions post-léninistes, soutient Bertrand Badie, autrement dit, des révolutions sans leader, sans parti, sans organisation structurée, sans idéologie, sans doctrine. » Tout ce bouleversement n'est certainement pas à mettre sur le compte des nouvelles technologies qui accompagnent aussi (autant qu'elles fédèrent) un mouvement profond. Mais le fait est qu'on se dirige toujours davantage vers l'individualisation, vers le désir d'autonomie et donc la remise en cause d'une dynamique politique qui serait l'apanage d'un centre. Bertrand Badie insiste sur ce décentrement. « Nous sommes les témoins, dit-il, d'une remise en cause de tout ce qui fonde la politique classique, à savoir l'élitisme, le secret, le territoire et la frontière ».
Source: Le Monde, 21/05/2011: http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/21/apologie-des-revolutions-sans-ideologie_1525486_3232.htm
France culture: http://www.franceculture.com/emission-les-idees-claires-premieres-revolutions-post-leninistes-2011-05-25.html


A. Cuvelier, pour l'équipe Sces Po

(1): Qui est Bertrand Badie: http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_Badie