mardi 15 janvier 2013

Justice & science/IEP: Le FMI s'est trompé

Chers élèves, chers lecteurs,
Le FMI s'est trompé (Pardon ? vous n'êtes pas au courant ? Vous avez particulièrement raison de consulter notre modeste blog. Lisez ce qui suit... )
L'erreur du FMI a aggravé la politique de rigueur imposée à la Grèce, au Portugal par exemple, avec l'explosion de la paupérisation que l'on sait. De fait, il semble intéressant de s'interroger sur l'idée de justice sociale dans un monde interconnecté, au moins économiquement et techniquement parlant ? En effet, comme le souligne Amid Faljaoui (voir lien ci-dessous), l'organisation économique du monde actuel a été bâtie par les accords de Bretton Woods en 1944, et depuis, il est hors de question de sortir d'un système pour lequel le profit est bâti en dogme quasi sociétal.
Mais ce qui est à mettre en lumière également, ce que cette erreur du FMI recoupe aussi votre réflexion sur la science, car comme le rappelle Hubert Huertas dans ses « Billets politiques » sur France culture : « Un rapport de quarante quatre pages signé par un économiste en chef du FMI, un français, Olivier Blanchard [. Il] dit [...] que les plus hautes instances économiques mondiales et européennes se sont plantées en imposant, au nom de la science, l’austérité à toute l’Europe.
Ce que dit Olivier Blanchard, c’est que le modèle mathématique sur lequel s’appuyaient ces politiques visant au désendettement radical, et au retour sacré à l’équilibre budgétaire, comportaient une erreur au niveau, je cite, du multiplicateur fiscal ».
Bref, nous vous invitons à lire les deux articles suivants :

Quand l'économiste en chef du FMI fait son mea culpa

Il n’y a que les imbéciles qui ne s’excusent pas et Olivier Blanchard, l’économiste en chef du FMI n’a pas envie de passer pour un imbécile. Il a donc reconnu que l’impact des mesures d’austérité a été largement sous-estimé. Cette erreur de calcul est donc en quelque sorte à l’origine de l’aggravation de la crise !
Voilà un mea culpa qui ravit les critiques de l'austérité budgétaire. Le chef économiste du Fonds monétaire international (FMI) reconnaît donc que les coupes budgétaires ont provoqué un recul nettement plus fort que prévu de la croissance européenne.
Ce mea culpa au plus haut sommet du FMI pourrait expliquer les souplesses accordées ces derniers temps à l'égard de pays tels que la Grèce et le Portugal. La Grèce et le Portugal ont en effet reçu plus de temps pour atteindre les objectifs qui leur sont fixés dans le cadre de l'aide internationale qu'ils perçoivent.
Le plus étonnant, c’est que ce constat a été fait par deux économistes du FMI, dont l’économiste en chef, mais malgré leur aveu, ils ont bien indiqué que leur document ne devait pas être considéré comme reflétant les opinions du FMI lui-même. Ce qui revient à dire: "je ne suis pas d’accord avec la politique de mon institution, mais je ne le dis pas officiellement, mais sous le couvert d’une note technique."
L’économiste belge Paul Jorion, l’un des rares à avoir fait carrière aux États-Unis ironise en expliquant qu'il ne commente pas cette nouvelle parce que "le Fonds Monétaire International s’est trompé sur à peu près toutes les questions depuis sa création en 1944", mais en attendant, ce sont des familles entières en Grèce, au Portugal ou ailleurs qui ont souffert de cette bévue. Mais bon, se tromper n’est pas encore considéré comme une faute grave pour un économiste, sans quoi beaucoup seraient au chômage.

Extraordinaire : l'austérité est une erreur mathématique !

C’est une information extraordinaire, dont les conséquences sont immenses, mais qui fait beaucoup moins parler que les dérives pathétiques d’un acteur célèbre. Un rapport de quarante quatre pages signé par un économiste en chef du FMI, un français, Olivier Blanchard. Il dit tout simplement que les plus hautes instances économiques mondiales et européennes se sont plantées en imposant, au nom de la science, l’austérité à toute l’Europe.
Ce que dit Olivier Blanchard, c’est que le modèle mathématique sur lequel s’appuyaient ces politiques visant au désendettement radical, et au retour sacré à l’équilibre budgétaire, comportaient une erreur au niveau, je cite, du multiplicateur fiscal. Pour simplifier beaucoup, ce modèle mathématique, donc incontestable, prévoyait que lorsqu’on retire un euro dans un budget il manquerait un euro dans le pays concerné. Or c’est faux. Pour des raisons qui tiennent à une réalité parfaitement triviale, et qui est que les hommes sont humains, cette austérité a déclenché des réactions collectives qui ont abouti à ce que cet euro retiré a provoqué la perte de trois euros dans les sociétés concernées.
Multipliez par des milliards, et vous comprendrez pourquoi l’austérité imposée à coup de sabre par des troïkas savantes n’a conduit qu’à plus d’austérité, plus de chômage, et plus de récession.

Enfin, chers élèves, chers lecteurs, si vous avez un petit quart d'heure pour visualiser cette vidéo de Paul Jorion, et au passage (re)découvrir la riche pensée de Paul Jorion1, dont nous intégrons en ce jour le lien vers son blog dans nos favoris.

A. Cuvelier, http://saintremi.com/
 
1 Paul Jorion est titulaire de la chaire « Stewardship of Finance » à la Vrije Universiteit Brussel. Il est également chroniqueur au Monde-Économie. Il est diplômé en sociologie et en anthropologie sociale (Docteur en Sciences Sociales de l’Université Libre de Bruxelles). Il a enseigné aux universités de Bruxelles, Cambridge, Paris VIII et à l’Université de Californie à Irvine. Il a également été fonctionnaire des Nations-Unies (FAO), participant à des projets de développement en Afrique.
Paul Jorion a travaillé de 1998 à 2007 dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il avait préalablement été trader sur le marché des futures dans une banque française. Il a publié un ouvrage en anglais relatif aux répercussions pour les marchés boursiers de la faillite de la compagnie Enron : Investing in a Post-Enron World (McGraw-Hill 2003). Il a publié, La crise du capitalisme américain (La Découverte 2007 ; Le Croquant 2009), L’implosion. La finance contre l’économie : ce que révèle et annonce « la crise des subprimes » (Fayard 2008), La crise. Des subprimes au séisme financier planétaire (Fayard 2008), L’argent, mode d’emploi (Fayard 2009), Comment la vérité et la réalité furent inventées (Gallimard 2009), Le prix (Le Croquant 2010), Le capitalisme à l’agonie (Fayard 2011) et La guerre civile numérique (Textuel 2011).
Ses ouvrages les plus récents sont Misère de la pensée économique (Fayard 2012) et La survie de l’espèce (Futuropolis/Arte) avec Grégory Maklès .