mercredi 14 décembre 2011

La violence en religion


Source : http://www.lepoint.fr/monde/le-monde-chiite-fete-l-achoura-07-12-2011-1404811_24.php

Chers élèves,

Parmi les nombreuses approches et questions que soulève le thème du concours commun « la religion », nous avons choisi de vous aiguiller quelque peu sur l'idée de la violence en religion, en la croisant à une présentation du concept de « choc des civilisations » de S. Hungtinton.

Pour aborder cette idée, nous commencerons aujourd'hui par vous plonger dans le bourbier afghan avec l'un des attentats les plus meurtriers de ces dernières semaines :

Attentats antichiites en Afghanistan

Violences . Des attaques à Kaboul et Mazar-i-Sharif lors de la fête de l’Achoura ont fait au moins 59 morts.

Par Luc Mathieu

L’Afghanistan risque-t-il de basculer dans un conflit interconfessionnel ? Pour la première fois depuis la chute du régime taliban, fin 2001, deux attentats ont visé hier la minorité chiite, faisant au moins 59 morts et plusieurs dizaines de blessés. La première attaque s’est produite en début de matinée devant une mosquée du centre de Kaboul. Un kamikaze s’est fait exploser au milieu de centaines de pèlerins qui célébraient l’Achoura, une des principales fêtes chiites. Le bilan est le plus lourd dans la capitale depuis plus de trois ans : au moins 55 morts et plus de 150 blessés, selon le ministère de la Santé. A peu près au même moment, un autre attentat visait une mosquée de Mazar-i-Sharif (Nord). Au moins quatre Afghans ont été tués.

Chapiteaux. Depuis le début de l’intervention internationale, en octobre 2001, les insurgés, dont les talibans sunnites, n’avaient jamais ciblé spécifiquement les chiites, qui représentent environ 20% de la population. Chaque année, les fêtes de l’Achoura rassemblent plusieurs dizaines de milliers de participants. Des chapiteaux noirs, où des volontaires distribuent nourriture et boissons, sont dressés dans les rues des principales villes. Les violences se limitaient d’habitude à quelques échauffourées entre pèlerins. Les talibans ciblaient en revanche la minorité chiite hazara lorsqu’ils étaient au pouvoir, entre 1996 et 2001. Ils ont, selon les Nations unies, massacré plusieurs centaines de paysans du Yakawlang (Bamiyan), en janvier 2001.

La double attaque d’hier marque-t-elle une résurgence de ces violences ? Les talibans ont nié être les auteurs des attentats de Kaboul et Mazar-i-Sharif. «Ce démenti est crédible. D’une part, car les talibans n’ont jamais commis ce type d’attentats antichiites. D’autre part, car ils n’y ont pas intérêt. Les attaques d’hier vont renforcer les alliances entre les groupes du nord du pays qui leur sont opposés. Il y a désormais un véritable risque de guerre confessionnelle», explique Gilles Dorronsoro, professeur à Paris-I. Selon lui, les attaques pourraient avoir été réalisées par le Lashkar-e-Toiba. Ce groupe islamiste pakistanais est déjà suspecté d’avoir organisé l’attentat de février 2010 contre une maison d’hôtes indienne à Kaboul. Plusieurs dizaines de ses membres se sont par ailleurs installés ces derniers mois dans les provinces afghanes de Kunar et du Nouristan (nord-est), à la frontière pakistanaise, profitant de la fermeture des bases américaines dans la région.

Conférence. Signe inquiétant de la dégradation de la situation, les attentats antichiites se sont produits au lendemain de la conférence de Bonn, où la communauté internationale devait définir les modalités de l’aide fournie à l’Afghanistan après le départ des troupes étrangères, fin 2014. Après une journée de discussions, rien de concret n’a finalement été annoncé. Les négociations avec l’insurrection semblent elles aussi au point mort.

Selon nos informations, deux anciens talibans - le mollah Abdul Salam Zaeef et Wakil Mutawakil - ont été reçus par des diplomates français et un représentant américain en fin de semaine dernière à Chantilly. Comme lors de réunions similaires organisées par le Royaume-Uni, l’Allemagne ou les Etats-Unis, aucun résultat tangible n’a été obtenu.

Source : http://www.liberation.fr/monde/01012376070-attentats-antichiites-en-afghanistan

A fouiller également : http://www.courrierinternational.com/une/2011/12/07/un-groupe-pakistanais-derriere-les-attentats-a-kaboul

Dans la foulée, si vous souhaitez vous détendre intelligemment, réécoutez l'émission de France culture, « Du grain à moudre », du mardi 13 décembre 2011 sur : Comment empêcher un nouvel embrasement de l'Afghanistan ?

(Vous trouverez ci-dessous le « billet » d'accroche de l'émission)

« Justice est faite ». C’est par ces mots que Barack Obama annonçait au monde, le 2 mai dernier, la mort d’Oussama Ben Laden. Le leader d’Al Qaida, ennemi juré de l’Amérique, tué lors d’un raid à Abbotabad, en territoire pakistanais. Sentiment du devoir accompli pour les Etats-Unis, entrés en guerre en Afghanistan en octobre 2001, sous la bannière de l’opération « Liberté immuable » pour y déloger le responsable des attentats du 11 septembre.

Prêts désormais à quitter le pays. En juin dernier, Barack Obama annonçait le retrait d’un tiers des forces américaines déployées sur place d’ici la fin de l’année ; la totalité en 2014, soitcent mille soldats. Compte à rebours identique pour les quatre mille militaires français présents sur le sol afghan.

Mais que va laisser derrière elle la force internationale après dix années de conflits ? Un pays en paix ? Assurément pas. L’Afghanistan est tout, sauf pacifié.

Il y a tout juste une semaine, deux attentats visant la communauté chiite faisaient quatre-vingt morts à Kaboul et Mazar-i-Sharif : première attaque interconfessionnelle de cette envergure depuis plus de dix ans, faisant craindre l’apparition d’un nouveau point de crispation dans un pays qui n’en manque malheureusement pas.

Le processus de réconciliation nationale n’avance plus depuis qu’il y a trois mois, l’ex-président afghan Burhanuddin Rabbani a été assassiné alors qu’il était chargé d’établir des contacts des chefs talibans. Et que dire des relations avec le Pakistan, voisin suspecté d’entretenir l’instabilité dans les zones tribales. Les pakistanais qui s’inquiètent des velléités afghanes de rapprochement avec l’Inde.

Ce n’est donc pas seulement le spectre de la guerre civile qui menace aujourd’hui le « pays des Pachtounes ». C’est celui d’un conflit plus large, à dimension régionale.

Comment empêcher un nouvel embrasement de l’Afghanistan ?

Source : http://www.franceculture.fr/emission-du-grain-a-moudre-comment-empecher-un-nouvel-embrasement-de-l-afghanistan-2011-12-13
Ainsi, ce triste constat de la violence inter(ou intra?) religieuse vous donne un exemple clef pour poser un point de départ à cette réflexion que nous vous proposons de développer durant quelques articles en cette fin d'année.

A suivre, donc...

A. Cuvelier, pour l'équipe Sces Po. du lycée St Rémi, Roubaix, http://www.saintremi.com/