vendredi 2 novembre 2012

Justice/IEP: Mort de Zyed et Bouna, le rôle de la Cour de cassation

Chers élèves, chers lecteurs,
L'actualité vous offre un nouvel exemple des pouvoirs de la Cour de cassation1, la plus haute autorité judiciaire française, institution clef dans l'équilibre des pouvoirs :

Mort de Zyed et Bouna : la Cour de cassation annule le non-lieu en faveur des policiers, nouveau procès en vue

Sept ans après la mort de Zyed et Bouna, deux adolescents de Clichy-sous-Bois décédés dans un transformateur électrique après une course-poursuite avec la police, la justice a décidé, mercredi 31 octobre, d'annuler le non-lieu en faveur des policiers. Ce qui ouvre la voie à un procès.

Zyed et Bouna : "une très grande décision pour la justice française"

Me Tordjman, l'un des avocats des familles des deux adolescents morts à Clichy-sous-Bois en 2005, réagit à la décision de la Cour de cassation d'annuler le non-lieu des policiers.


Cet exemple vous apportera de l' « eau à votre moulin » dans votre préparation à la question contemporaine pour le concours commun d'entrée en IEP. Dans la foulée, voici un court article rappelant le rôle de la Cour de cassation :

La Cour de cassation désigne la juridiction suprême de l’ordre judiciaire.
La Cour de cassation n’est pas un troisième degré de juridiction : elle ne revient pas sur les faits du litige, sur lesquels elle ne possède aucun pouvoir d’appréciation, mais sanctionne au contraire la correcte application de la loi par les autres juges (appelés juges du fond). En conséquence, la nature du contrôle exercé par la Cour de cassation concerne davantage le droit lui-même que le litige entre les parties : on dit que le juge de cassation est un juge de la loi, de sa correcte interprétation et de sa bonne application.
La Cour de cassation ne possède d’ailleurs généralement pas le pouvoir de juger elle-même des litiges : en cas de cassation, c’est-à-dire si la Cour estime que les juges du fond n’ont pas correctement interprété la loi, elle doit renvoyer l’affaire devant une autre juridiction de même nature que celle qui a rendu la décision cassée. Cependant, une loi de 1979 permet à la Cour de cassation de casser une décision sans la renvoyer et de statuer directement, lorsque l’interprétation des faits par la juridiction du fond suffit à permettre l’application correcte de la règle de droit.
Par ce mécanisme de la cassation, la Cour de cassation garantit à l’ensemble des citoyens français que la loi sera interprétée de manière identique sur le territoire. Il serait en effet problématique que différents juges tirent des conséquences opposées d’un même texte juridique : la cassation permet d’assurer une application homogène de la loi dans la République, et ce faisant de protéger l’égalité de chacun devant la justice2.

 
2 Dans la foulée, pensez à exploiter les onglets de ce lien, vous y trouverez de nombreux outils très pratiques :
Ex. : La justice constitue à la fois un idéal philosophique et moral, l’exercice d’une activité, et un ensemble d’institutions.
  • La justice désigne avant tout une valeur, un idéal moral, un concept philosophique dont la caractérisation paraît à la fois instinctive (le sentiment d’injustice ou de justice s’impose à nous) et complexe (il est impossible de définir abstraitement les critères du juste). L’idée de justice fait référence sinon à l’égalité, du moins à l’équilibre dans les relations entre les hommes : la justice implique la proportion et la stabilité. Une formule médiévale la définit ainsi comme « l’art du bon et de l’égal ».
  • Pour autant, l’idéal du juste est indissociable de l’activité de juger : la justice s’éprouve dans la tension qui sépare l’injuste du juste, et dans l’acte par lequel on rend la justice. Elle désigne en ce sens le fait de corriger une inégalité, de combler un handicap, de sanctionner une faute.
  • Ce faisant, l’activité de justice mobilise un ensemble de règles, de statuts, de pratiques, de discours et de métiers concourant à l’exercice de la fonction de juger. La justice devient alors synonyme d’institution judiciaire : elle désigne les divers organes auxquels la souveraineté nationale a officiellement délégué le pouvoir d’interpréter la loi et d’en assurer l’application par l’exercice de la faculté de trancher entre le juste et l’injuste.